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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 14:46

« Les enfants ont besoin d’un cadre pour bien grandir ! »

« Ils ont besoin de limites ! »

Ce sont souvent des injonctions que je reçois parce que j’ai choisi d’élever mes enfants sans punitions, sans sanctions, et sans cris (autant que possible).  

 

Il y a quatre ans, quand je commençais à entrapercevoir qu’il existait une autre forme d’éducation que celle que j’ai connue, une éducation sans punition, sans cri, je n’aurais jamais imaginé le chemin que j’allais parcourir…  J’ai parfois traversé des moments de doutes, notamment parce que j’ai longtemps cru que la « bienveillance éducative » demandait d’être toujours à l’écoute et disponible pour ses enfants. Aujourd’hui je comprends qu’il ne peut y avoir bienveillance envers les enfants que si nous en faisons preuve pour nous-mêmes, et aussi pour les autres, l’entourage, la famille, les amis, la société. La bienveillance est devenue plus qu’éducative : elle est devenue un art de vivre pour moi, un apprentissage qui, je pense, aura lieu tout au long de ma vie.

 

On me dit qu’il n’y a pas de bienveillance sans limite, sans cadre. J’entends cela et en même temps, l’idée que ce cadre soit nécessaire ne me parle pas, car j’ai le sentiment qu’il existe, quoi que je fasse… Parfois, j’ai le sentiment que l’on m’assène cette vérité pour me faire comprendre quelque chose : qu’il y aurait un besoin IMPERIEUX de mettre des limites.

Alors j’imagine deux secondes ce que serait un monde sans limite : mes enfants s’envoleraient en sautant d’un balcon, je serais très souvent tapée par eux, je les laisserais marcher comme ils veulent sur la route face aux voitures, j’irais acheter illico presto des cordons bleus s’il n’y en a plus dans le frigo, la maison serait jonchée de jouets que je rangerais seule, nous arriverions à l’école en retard tous les matins et le petit n’irait presque jamais à la crèche ou chez sa nounou, etc etc. Est-ce que je vis sans aucune limite ? Non. En revanche, je peux dire que j’ai revu un très grand nombre de mes limites et notamment celles que je mettais par peur d’en faire des « enfants rois », des « enfants tyrans ». Peu à peu, mes frontières se sont atténuées. J’ai préféré laisser la place à plus de liberté lorsque cela était possible pour moi, pour mon conjoint, pour nous deux ensemble. Nous avons laissé la place à une réflexion individuelle autour de nos limites personnelles, en lien avec nos propres ressentis, qui ne sont pas ceux des autres, qui n’ont pas à être ceux des autres, et nous essayons de trouver un compromis respectueux des ressentis de chacun. C’est pour cela que j’invite mes enfants à réfléchir sur ce qu’ils ressentent, que je les incite à parler de leurs choix.

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Peu à peu, je me suis détachée de l’idée que je suis « celle qui sait » ce dont mes enfants ont besoin. Je suis convaincue qu’ils connaissent parfaitement leurs besoins et qu’il suffit parfois d’un cadre approprié, d’un cadre sécurisant et sécurisé pour leur permettre de les exprimer et d’y répondre d’eux-mêmes. De mon côté, je me suis connectée à mes propres besoins, un peu plus chaque jour, j’ai écouté ces petites voix en moi qui me disent « qu’est-ce qui est bon pour moi là, maintenant ? ».

 

Nous avons parfois des besoins vraiment incompatibles avec mes enfants… Parfois je suis complètement exténuée, déprimée, j’aurais besoin de ne plus les avoir autour de  moi et de disparaître dans un trou de souris où je pourrais dormir des heures, alors qu’eux au contraire ont besoin de mon affection, de mes câlins, de mon temps, de ma disponibilité. Dans l’idéal, nous essayerions de trouver une réponse qui conviennent à tout le monde, qui respectent les besoins de chacun : j’ai besoin de repos, tu as besoin de passer du temps avec moi, pourquoi n’irions-nous pas lire dans le lit, en nous endormant doucement les uns à côté des autres ? Je n’ai pas de réponse toute faite. Je n’ai pas de réponse parfaite. Parfois ils entendent mon besoin du haut de leurs 3 et 4 ans, je peux me permettre alors de sommeiller un peu, de faire une activité ressourçante pour moi. Parfois, ce sont leurs besoins qui sont impérieux et je sacrifie mon besoin pour le leur : je vais essayer de leur offrir un moment de qualité, dans la mesure de ma possibilité, en espérant que cela leur permettra de me laisser un peu plus tranquille quelques heures plus tard. Et parfois, personne n’est apte à écouter les besoins de l’autre, et nous nous retrouvons dans un joyeux bordel !!!

 

La bienveillance, je la pratique envers moi-même également. Lorsque je ne me sens pas capable de répondre parfaitement à leurs besoins et que nous avons des accrocs, que sortent les hurlements, les reproches, alors je tâche de voir en moi les besoins délaissés qui crient famine et qui auraient eu bien besoin d’être nourris, je tâche de me pardonner de ne pas avoir répondu de manière idéale auprès de mes enfants, et je me promets que je ferais mieux les fois suivantes, en réfléchissant à la façon dont j’aurais pu combler mon besoin dans cette situation, qui devient une expérience enrichissante.

 

J’ai aussi beaucoup évolué sur ma façon de transmettre les valeurs importantes à mes yeux. Je crois beaucoup au pouvoir de l’imitation, c’est en cela qu’il me semble important de montrer l’exemple à mes enfants, notamment sur des questions telles que la politesse, l’empathie, la sérénité, l’écoute de ses besoins…

Je constate d’ailleurs que le mot « éducation » me convient de moins en moins. Je lui préfère celui de Transmission. Quelle différence je fais entre éduquer et transmettre ? Dans éduquer, j’entends une forme d’unilatéralité : l’éducation va du « sachant » à l’ « apprenant », cela implique dans mon ressenti que je suis celle qui sait et que mes enfants ne savent pas, qu’il faut donc que je leur apprenne ce qui leur est bon de savoir.

 

Dans le mot Transmission, je vois plutôt quelque chose de l’ordre du partage de connaissances, du cadeau des savoirs mis en commun.

En tant qu’adulte, j’ai des compétences que je peux offrir à mes enfants afin de leur garantir un certain nombre de conforts : je suis grande et ait une vision profonde, je leur offre cette compétence lorsque nous marchons ensemble sur la rue afin de les protéger des dangers de la circulation ; le circuit neuronal abouti de mon cerveau me permet d’anticiper les conséquences de certaines situations, et mon expérience me permet de me souvenir de ce que je souhaite voir se répéter ou ce que je ne souhaite pas revivre, ainsi je transmets à mes enfants quelles situations me semblent dangereuses ou néfastes pour eux ; j’ai la capacité de lire, de synthétiser des informations, de mener une réflexion, de prendre des décisions pour moi, je peux donc transmettre à mes enfants le fruit de ces trouvailles et leur permettre de nous apporter une vie plus saine selon mes critères.

 

Dans le mot Transmission, ce que j’aime le plus, c’est qu’il me permet de prendre conscience des compétences de mes enfants et de m’en émerveiller ! Ils ont la compétence de vivre totalement dans l’instant présent, ce qui leur permet de me rappeler bien souvent que les inquiétudes et les tourments quotidien ne valent pas l’éblouissant spectacle de la vie et la beauté du monde qui nous entoure ; ils ont la compétence d’être totalement dans le ressenti, à l’écoute de leur sens, ainsi ils m’enseignent que la peinture portée à bout de doigts sur le corps entier est un délice sensoriel ; leur besoin d’attachement est tellement intense qu’ils ont une compétence innée en amour inconditionnel et, quoi que nous leur disions, quoi que nous leur fassions, ils recherchent instinctivement notre affection, nous enseignant de la sorte que l’amour est plus fort que tout…

 blog2.JPG

J’aime ce que je transmets à mes enfants, je suis en phase avec moi-même et mes convictions. J’aime cette définition de l’éducation bienveillante…

 

Encore un article pour rien, juste pour me rassurer moi-même dans ma tête !

 

Lilie

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21 mars 2014 5 21 /03 /mars /2014 07:59

J’arrive juste à l’heure. Nous avons du mal à trouver deux places côte à côte mon amie et moi : beaucoup de monde est là, la salle est presque pleine !!! Elle est déjà sur la scène, en mouvement. J’ai l’impression d’être au concert d’une superstar et je me dis : « Waaa… C’est elle pour de vrai !!! »

Isabelle Filliozat, THE psychologue de l’éducation non-violente en France, auteure de nombreux ouvrages ressources pour tant de parents qui décident de s’accomplir dans cette voie !

Elle propose une conférence interactive : les spectateurs reçoivent des bouts de papiers sur lesquels ils posent une question, à laquelle elle tentera de répondre. Je ressens une grande énergie en cette femme, qui bouge sur la scène, se meut d’un bout à l’autre, et elle me touche profondément par son humour et sa joie de vivre, sa vision positive de la vie.

 

 

Elle commence par rappeler ce qu’elle entend par « parentalité positive ». Ce n’est pas le contraire de « parentalité négative » comme elle dit. C’est une parentalité qui met au centre de son attention les besoins de l’enfant.

Être à l’écoute des besoins de son enfant, c’est entre autre ne pas projeter nos compétences d’adulte sur nos enfants. A 8 ans par exemple, le cerveau d’un enfant peut tout juste  retenir 5 consignes à la fois. En conséquence, lui asséner un nombre incalculable d’ordres et de consignes (avant de partir à l’école par exemple) est bien souvent infructueux et cela est normal. Pour développer les compétences de l’enfant à s’organiser et développer son autonomie (un des besoins les plus importants de l’enfant), il s’agit de faire appel à la zone préfrontale de son cerveau, cette zone qui favorise l’organisation, la réflexion, l’empathie : ainsi, le parent favorise l’autonomie chez son enfant ! « On va à l’école : qu’est-ce qu’il te faut ? »

 

 

S’adapter aux compétences de son enfant évite les heurts. Connaître les trois causes possibles d’une crise permettra à l’adulte de savoir comment réagir au mieux pour son enfant. Ces causes possibles sont :

  • un besoin non comblé
  • une émotion refoulée
  • une surcharge émotionnelle

Isabelle Filliozat annonce alors qu’elle va tirer le premier papier et lire une question.

 

 

 

1ère question : une enfant de 20 mois s’endort très bien en l’absence de son parent, mais en sa présence l’endormissement est véritable calvaire !

 

La psychologue commence par nous parler de l’importance vitale de la figure d’attachement chez l’être humain, depuis les découvertes des travaux de Konrad LAWRENCE et de John BOWLBY, ce monsieur qui a fait l'expérience de devenir la maman, ou plutôt la figure d'attachement, de canetons rien qu'en étant le premier visage vu par ces petits !

La figure d’attachement, c’est cette source d’amour inconditionnel à laquelle reviendra le bébé lorsqu’il aura besoin de sécurité. Et dans la société d’aujourd’hui, c’est souvent la maman qui représente cette figure d’attache. Parfois, il est très dur de s’endormir sans elle, car le besoin de l’enfant est de se ressourcer auprès de cette figure afin de se rassasier en confiance, en amour inconditionnel, avant de lâcher prise sur cette séparation qu’est le sommeil. Et parfois, c’est l’inverse ! L’enfant va faire la misère à sa figure d’attache avant de s’endormir, parce qu’elle est justement sa ressource essentielle en laquelle il pourra décharger ses émotions, ses surcharges émotionnelles : figure d’attache = figure de décharge. L’important est d’être là, présent à son enfant, à l’écoute de son besoin, tout en se rappelant que lorsque notre bébé pleure ainsi dans nos bras : c’est SUPER !!! C’est qu’on est une super figure d’attachement !!! Hey, ça s’appelle parentalité « positive », ne l’oubliez pas 

 

 

 

2ème question : le fameux dilemme du PUNIR / LAISSER FAIRE ???!!!!

 

Isabelle Filliozat précise avec humour : « Il y a un blocage… Mais d’où vient-il, ce blocage ? Si ça bloque, c’est qu’on est 2 à bloquer ! ». Perspective très intéressante : combien de fois nous pensons avoir à faire à une tête de mule alors que, face à lui, nous nous buttons tout autant !

 


Lorsqu’il y a une situation de blocage, elle propose de revenir à l’essentiel : écouter le besoin de l’enfant. Car un enfant qui bloque est un enfant en stress. Et le stress est une réaction physiologique, pas psychologique. C’est la réaction physiologique qui va permettre à l’être humain de réagir à un message de « danger ». Dans son cerveau, l’amygdale, qui est le récepteur et le gestionnaire de ces états de stress, sonne l’alarme. Son organisme va alors répondre de trois façons possibles :

  • par l’attaque : je suis une femme préhistorique et voilà que le mammouth me charge ! Je peux me défendre et l’attaquer en retour !
  • par la fuite : je suis toujours une femme préhistorique et lorsqu’un gros mammouth fonce sur moi, je détale à toute vitesse !
  • par le figement : je suis encore une femme préhistorique et, quand je vois un immense mammouth me foncer dessus, j’adopte la stratégie de la sourie morte en espérant que le mammouth ne me voit pas. Parfois, ça marchait ! Si si !

 

Une vidéo qui montre parfaitement bien comment réagit notre cerveau à la colère: link


Il y a une hiérarchie parmi les réactions au stress : répondre par l’attaque nuit moins à la structure émotionnelle de l’être humain que la fuite, et la stratégie de figement est celle qui nuit le plus. Or, face à un parent ou un professeur en colère qui hurle, que fait le plus souvent un enfant ? Il se sent figé de l’intérieur.  


On dit nos enfants « intolérants à la frustration », mais il serait bien plus utile de leur poser une question sur leurs ressentis : quel est le souci dans ton cœur ? Et rester aimants !

 

 

Oui, parce que nous, adultes forts et orgueilleux de notre savoir et de notre expérience, nous avons tendance à croire que l’amour ne se donne qu’une fois les problèmes évacués, une fois les sanctions posées, les sermons bien bassinés. Et je noterai pour toujours cette phrase fantastique qu’Isabelle Filliozat a prononcé à ce moment-là pour illustrer ce paradoxe :


L’amour n’est pas une récompense. C’est un carburant.

Imaginez que votre voiture soit presque en panne d’essence, lui diriez-vous : écoute ma grande, on doit faire le trajet de Talence à Bordeaux, je ne remplirai ton réservoir qu’une fois que tu auras bien voulu m’amener à Bordeaux !!! 


Bien sûr, on explose de rire ! On trouve cela absurde !

Ben les émotions, c’est pareil !!!


Nos enfants ont un réservoir émotionnel qui, lorsqu’il est vide, pousse l’enfant à faire des conneries ! Car oui, il a besoin d’attention. On le dit d’ailleurs très bien : « Tu fais l’intéressant ! Elle attire l’attention sur elle ! » Mais oui, c’est ça !!! Nos enfants ont besoin d’attirer notre attention : sur le fait que leur réservoir émotionnel se vide et qu’ils ont besoin de se recharger en amour, en attachement, en NOTRE AMOUR INCONDITIONNEL DE PARENTS.

 

Elle nous rappelle que le besoin d’attachement est un des besoins vitaux les plus importants de l’être humain et des primates et qu’il prime sur le besoin de nourriture. Un petit singe ou un petit d’homme préfèrera se laisser mourir de faim plutôt que de renoncer à tisser un lien avec une figure d’attachement. Le besoin d’attachement vient juste après le besoin de respirer ! Rien-que-ça…

 

Le stress va engendrer une montée de cortisol, une hormone qui va désorganiser notre cerveau : l’enfant montre alors des signes d’hyperactivité, de défiance ou d’argumentation.

 

L’idée, c’est de remplir le réservoir AVANT qu’il ne se vide ! Et pour cela, elle recommande de prendre plaisir à vivre ensemble, de se nourrir au quotidien.

Les matins sont difficiles car il faut se dépêcher, elle traine, vous la booster, elle ne vous écoute pas… Dans cette situation, le stress s’accumule, les réservoirs de tous se vident… Pourquoi ne pas lui proposer de jouer à s’habiller ?

 filliozat2.JPG

 

 

 

La dernière question : comment être le parent qu’on aurait voulu être ???

 

Quelle question, n’est-ce pas… Comment parvenir à être ce parent patient, aimant, toujours accueillant et toujours souriant, toujours empathique et toujours solide ? Pourquoi on perd pieds madame Filliozat ??? Pourquoi parfois on a super-méga-giga-envie de trucider nos petits chéris d’amour adorés ???

 

La réponse a été trouvée grâce à l’IRM de cerveaux de parents. On a découvert que lorsque l’on montrait à un parent des images de son enfant qui pleure, dans son cerveau s’allument les zones du care taking, ces zones de l’empathie naturelle, qui vont déclencher la réaction spontanée d’aller vers l’enfant pour le consoler, le prendre dans ses bras, prendre soin de lui… Si l’on est un parent qui a reçu le fameux attachement quand il était bébé. Est-ce votre cas ?

 

Quand le parent n’a pas reçu cet attachement, qu’il a beaucoup pleuré seul, qu’il a été peu porté, que ses émotions ont été ignorées ou niées, son amygdale a souvent, trop souvent, été dans un état d’alerte, elle est devenue hyper réactive ; c’est un parent qui possède également moins de récepteurs à ocytocine. Autrement dit, il est plus rapidement soumis au stress et n’a pas la capacité d’empathie, d’amour, pour répondre à son enfant et combler ses besoins. Ce que l’amygdale déclenche dans le cerveau de cet adulte lui fait représenter son enfant qui pleure comme un danger potentiel. Isabelle Filliozat dit en riant : on prend son enfant pour un gros mammouth !

 

 

Lui, qui a vécu dans sa propre chair le rejet, en a peur lui-même face à cet enfant : et s’il était rejeté en lui donnant de l’amour ???

La peur du rejet… Voici une autre vidéo qui illustre parfaitement la réaction presque instantanée d’un nourrisson dont la maman cesserait d’interagir, un nourrisson qui pourrait se sentir nié, ignoré. La still face experience, l’expérience du visage impassible : link

 

Voyez comme l’enfant se désorganise à une très grande vitesse. Et imaginez maintenant ce que ressent un enfant qu’on regarde dans les yeux sans sourciller pour lui signifier notre mécontentement, qu’on ignore, qu’on met au coin, qu’on punit dans sa chambre… Et souvenez-vous de ce que vous avez ressenti quand votre enfant ne vous obéit pas, continue à agir comme s’il ne vous entendait pas, ou vous a regardé sans réagir quand vous lui avez demandé quelque chose plusieurs fois… (en tous cas moi je me souviens pour moi !!! voir Le monstre qui est en moi  )       

 

 

 

Isabelle Filliozat pointe aussi du doigt la nocivité de certaines denrées de notre alimentation occidentale moderne : les additifs alimentaires comme E211, la viande de bœuf nourrie au maïs, le sucre et la farine raffinés.

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Une expérience a été faite dans des prisons et des établissements scolaires : quand les sucres et les farines raffinés ont été supprimés, tous les types d’incivilité ont diminué de 47 à 51 %.

 

 

 

Elle insiste sur le fait que la France est le pays le plus autoritaire d’Europe et le plus réfractaire à une loi bannissant les châtiments corporels, nous sommes même l’un des pays d’Europe à ne pas l’avoir encore adoptée.

 

L’autorité va à l’encontre des comportements physiologiques de l’enfant.

 

 

 

Je suis sous le charme de cette personnalité positive, très solaire, rayonnante. Son discours est à l’image de ce qu’elle dégage : de l’optimisme, de la joie de vivre.

En sortant de la conférence, je me sens gonflée à bloc ! J’ignorais tant de choses sur les mécanismes physiologiques du stress, des hormones, je comprends tellement mieux certains de mes comportements.

 

Si vous avez un jour l’occasion de voir une telle conférence, n’hésitez pas une seule seconde : FONCEZ ! Pas de mammouths en vue 

 

 

 

Lilie

 

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 14:12

Nous avons un jeu amusant avec mes bout’choux en ce moment. Ce jeu a commencé dans la voiture en rentrant de l’école un midi. Je crois que A. et T. devaient débattre à propos du dessin animé qu’ils aimeraient regarder tous les deux. Dans ces moments-là, je sers de traductrice-interprète-médiatrice. « Ok, A. aimerait regarder tel dessin animé T. … Non A., T. répond qu’il n’aime pas celui-là, c’est bien embêtant, tu as une autre idée. Celui-ci ? T’en penses quoi T. ? » Et au détour de ce débat, mon petit T. a exprimé une émotion et j’ai été sciée : « Non pas la djirapp !!! A peu’ djirapp !!! »

Je suppose que vous n’avez pas encore de doctorat en traduction simultanée en langue de T. et je consens à vous épargner un texte en V.O. :

« Non pas la girafe !!! J’ai peur de la girafe !!! »

Dans un premier temps, l’expression du visage est marquée par cette peur, les yeux parlent de ce qui l’effraye, sourcils froncés, la gorge au bord du cri. Si son frère insiste, c’est la 3ème Guerre Mondiale dans la bagnole…

« Tu as eu peur de la girafe, c’est ça T. ? »

Le visage se détend, le front et la bouche se dérident, les yeux s’arrondissent et s’éclairent, et avec cette rythmique et ce ton que j’aime dans son phrasé de petit être en apprentissage du langage, il répond : « Wiiii, za peu’djirapp ! »

Je reformule, autant qu’il le souhaite ; il la répète, plusieurs fois, semblant s’approprier de plus en plus chaque parcelle de cette phrase, chaque facette de l’émotion qui s’en dégagent. Sa peur lui appartient, tout d’un coup ça n’est plus un monstre de son esprit, il la ressent peut-être au fin fond de lui. En tous cas, je perçois qu’il l’a domptée, il l’a traversée. Il est passé à autre chose tout en parlant encore de l’objet de sa peur. Je suis émerveillée. Mon super-bonhomme me surprendra toujours ! C’est alors que A. s’exclame :

Moi z’ai peur des lions !!! 

Ah bon, tu as peur des lions toi ?

Oh oui !

Et T. de répéter :

 Wiiiii, a peu’ liiii-on ! 

Et toi A., de quoi tu as peur encore ?

Za peur des z’arbres !

Et toi T., de quoi tu as peur ?

A peu’ ‘oi-tu’ ! (ndlr : j’ai peur des voitures ;-) )

Et toi A ?

Za peur des ssiens !


Les peurs deviennent un jeu de marelle sur lequel nous sautillons joyeusement. Ce ne sont plus que des mots. Puis tout d’un coup :

- Et toi maman ? De quoi tu as peur ?

Silence. Surprise que la question se tourne vers moi. Ben oui, de quoi ai-je peur ??? Je me sens bien bête de n’avoir rien à dire… Il me faut quelques secondes qui paraissent bien longues pour regarder à l’intérieur de moi, tout à l’intérieur de moi. Je crois que je ne trouverais rien à dire, moi j’ai peur de rien ! Ah… à bien y regarder, il y a bien quelque chose… Il y a bien une peur tapie là. Elle n’ose pas trop se montrer, elle pense qu’elle doit se taire, qu’on ne doit pas la voir, ni l’entendre. Je respire profondément, est-ce que j’accepte de la laisser s’exposer ? Je lui tends la main. Je la rassure, elle a le droit d’exister. Je lui murmure à l’oreille : je veux te laisser remonter à la surface, je veux qu’ils te voient. Et tout doucement nous remontons ensemble, main dans la main. Je l’ai bien regardée, droit dans les yeux. J’avais peur d’elle, mais au final elle est plutôt belle… Je la croyais un peu niaise, un peu bête de se planquer là, mais je comprends que c’était mon ignorance, mon dédain, qui la rendait si empotée et si douloureuse. Tout d’un coup, je la contemple des pieds à la tête, elle est noble et frêle à la fois. Et je sens son innocence, son incroyable innocence, et je comprends à quel point j’ai eu tort de ne pas lui donner voix plus tôt. Que c’est dans sa reconnaissance que je trouverai l’assurance d’affronter ma peur. Je sers bien fort sa main dans la mienne.

« Moi ?... J’ai peur… Parfois j’ai peur de vous perdre… »

Les enfants rient derrière moi. Et continuent de jouer « moi j’ai peur des fleurs, moi j’ai peur des moustiques, moi j’ai peur du noir… ».

Et moi, je ris aussi. Je me sens soulagée. C’est fou comme c’est libérateur de reconnaître ses failles, ses imperfections.

Et je m’émerveille encore et toujours de la capacité des enfants à illuminer en moi  les parts d’ombres dont j’ignore même l’existence. Quelle aventure que d’être leur maman ! Quelle chance aussi…

 

Depuis ce jour, nous aimons jouer à « de quoi tu as peur ? ». Et il y a quelques jours, nous avons invité en toute simplicité des proches à jouer avec nous. Et oui, quoi de plus innocent qu’un enfant qui vous demande « de quoi tu as peur toi ? », pour que nous osions nous pencher en toute innocence en nous, en déposant l’armure une toute petite seconde sans même nous en rendre compte, juste en jouant !

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Lilie

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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 22:03

Faisons un saut dans le temps pour revenir à un épisode qui a ouvert une période cruciale dans cette première année de maternelle pour mon fils.

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Comme je l’avais expliqué dans le dernier épisode, mon fils aimait aller à l’école. Un jour de fin novembre, alors que je ne peux emmener A., c’est son papa qui s’y rend et y discute avec une maman dont le fiston, plus âgé que le nôtre, témoigne : « Moi, je vois souvent A. dans ma classe ! »

Surprise de taille !!! On se rassure, on espère (les instits organisent peut-être des ateliers inter-classes, oui ça doit être ça), on dramatise (elle punit mon bébéééééééé, mon si gentil merveilleux bébéééééé, et si ça se trouve elle lui donne des fessées !!!!!). Enfin, quand je dis « on », je ne parle que de moi, mon chéri me conseillant simplement : « et si on posait la question à la maîtresse ? » Ah oui tiens, ça serait intéressant qu’elle me donne son point de vue, celle-là !

 

Un matin, je me pointe donc à l’école et c’est l’atsem qui me reçoit. A ma question, elle prend une mine embarrassée et me répond : « il vaudrait peut-être mieux en parler avec la maîtresse… ». Ca sent le malaise ? La dame arrive et je pose ma question : un petit garçon de la classe d’à côté dit qu’il voit souvent mon fils dans sa classe, c’est normal ?

Très naturellement, ne sachant certainement pas à qui elle s’adressait, elle répond : « Oh oui mais ça n’est arrivé qu’une seule fois, vous savez comment est A., il crie, il hurle, on n’arrive pas le faire écouter, alors une fois pour qu’il se calme je l’ai envoyé dans la classe de maîtresse Véronique ».

Gloups ! Le monde s’écroule autour de moi au fur et à mesure que je reçois ces informations. Mon fils crie à l’école ??? Ca ne se passe pas bien ??? La maîtresse et lui sont en conflit ??? Je vois qu’en même temps elle prend conscience de l’impact de ses mots sur moi, elle tente de me rassurer plusieurs fois sur le caractère unique de cette exclusion, m’expliquant qu’elle recherche des solutions qui soient adaptées à mon fils.

 

Pendant des semaines, je vais ruminer cette nouvelle. Je ne comprends pas comment il est possible que j’apprenne ce genre d’information 3 mois après la rentrée ! A partir de là, la communication entre moi et la maîtresse va se corser. Je deviens méfiante, alerte au moindre signe de mal être de mon fils. Je lui pose de plus en plus de questions quand il rentre à midi. Et parallèlement, il est de plus en plus réticent, de moins en moins enthousiaste, quand il s’agit de se lever pour aller à l’école le matin. Je vois bien que mes doutes et mes peurs ne font qu’accentuer son attitude de rejet de l’école, mais je n’arrive plus à relativiser. Ce sujet de conversation m’obsède, je trouve tous les moyens d’en parler autour de moi, et ça n’arrange rien à son comportement... Il se met même à ressortir de la classe quand je pars. Un midi, alors que nous attendons que la maîtresse ouvre la porte de sa classe, un papa me raconte que le matin même il a récupéré A. dans le couloir, perdu, me cherchant et m’appelant. J’ai juste l’impression qu’on patauge dans la confusion totale entre moi, la maîtresse et mon fils.

 

Je finis quand même par demander un rendez-vous à la maîtresse, qu’elle accueille d’un « oui je pense que c’est nécessaire… ». Je me rends tout d’un coup compte que nous nous sentons toutes deux soulagées. 

 

Je vous raconte la suite plus tard ;-)

 

Lilie

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 20:38

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Tu as 2 ans. C’est en me promenant par ce dimanche ensoleillé, une semaine après ton anniversaire, que j’ai pris conscience du temps passé. Je regardais la Nature reverdissante et m’extasiais de l’arrivée du printemps ensoleillé, quand je me suis souvenue à quel point ces émotions avaient été présentes juste avant ta naissance. Nous pouvions caresser les fleurs, laisser nos pieds s’enfoncer dans le sable chaud, et admirer les bourgeons des arbres prêts à éclore, en t’attendant. Deux ans que cette nuit de rêve, la nuit de ta naissance, est passée. Deux ans que ton père et moi te sortions de mon corps, que nous t’accueillions dans nos mains grandes ouvertes, dans la plus grande douceur et la plus belle harmonie jamais ressenties.

 

***

Tu as 2 ans. Comme le temps a changé. Il fait souvent gris, pluvieux. Et le bébé calme et apaisé s’est transformé en monstre de hurlements. De douceur à tornade, je ne sais plus comment cela a basculé. Toi, qui étais bulle de savon, bonbon à la vanille, serein et silencieux, calme et joyeux, tu es devenu colérique, grincheux, exigeant.Toi mon petit chat, tu m’as sacrément bouleversée. Je croyais un tel chemin accompli avec ton grand frère, je sous-estimais tellement ta capacité à me faire avancer. Aujourd’hui, je suis face à toi mon petit, et j’accueille tes enseignements. Le plus grand est l’acceptation de ce que tu es entièrement, sans attente ni jugement. Quel chemin tu me fais parcourir, long, endurant, cabossé…

 

Tu as bien changé, en une année. Tu pousses des cris stridents qui nous percent les tympans à la moindre contrariété. Tu cours, tu voles, tu pousses, tu tapes. Tu refuses, tu dis « arrête », tu ne veux pas ! Tu ne peux pas attendre, tu ne veux pas comprendre, tu n’aimes pas, tu n’as pas envie. Tu décides. Quand je repense à ta naissance, si calme, si paisible, ce bébé si silencieux que tu as été… Je me dis que je t’ai beaucoup idéalisé ! J’ai cru que tu allais m’apporter la preuve que j’avais raison sur toute la ligne, que j’avais trouvé THE éducation qui fait des enfants sages, épanouis et heureux. Je croyais que ça serait toujours facile. Aujourd’hui, tu sais mieux que quiconque ce qui te convient, et tu le revendiques. N’est-ce pas ce que j’ai toujours voulu pour toi ? Oui… Et tout est là. Tu me rappelles que je ne veux pas des enfants « obéissants » mais des enfants « conscients ». Attendais-je de ce petit garçon à qui j’ai toujours affirmé que nul ne connait mieux que lui-même ses besoins et ses envies qu’il m’obéisse en toutes circonstances ? Qu’il trouve toujours justes toutes mes décisions prises pour sa personne ? Comment ai-je pu croire que tu ne serais pas expression, revendication, rebellion, si j’attendais de toi que tu t’écoutes ? Lâcher prise, te faire confiance, t’abandonner à ta demande d’autonomie, voilà notre chemin. Je ne m’inquiète pas pour toi, tu ne t’inquiètes pas pour moi, est mon nouvel adage nous concernant tous les deux.

 ***

Et derrière ce torrent de tempêtes, ces raz-de-marée d’émotions dont tu nous submerges, un petit arc-en-ciel brille, au sourire plein de soleil, aux yeux doux et lumineux, dont la frimousse rieuse enchante les journées les plus ternes. Ce doux éclat de rire illuminé d’étoiles filantes, ce petit nez retroussé, ces petites bouclettes de soie dont je caresse mon visage au coucher, ce ventre et ces cuisses potelés que je dévore les matins au réveil. La douceur de cette petite main qui se blottit dans la mienne pour m’emmener dans ses aventures. La tendresse brutale de ces bras puissants qui m’étreignent dans des câlins maladroits. Et quand s’élève ta petite voix, pour prononcer de jolis mots écorchés, des petites phrases encore incertaines, qui me disent « Regarde, je comprends le monde, je sais comment ça s’appelle, j’ai compris ce qu’il se passe ! », je m’émerveille encore et toujours de cette machine qui bouillonne en toi, cette soif d’apprendre et de comprendre. J’aime te voir grandir. Et je sais que, quels que soient mes faiblesses, mes fatigues, mes moments où je croirais que tu ne me lâcheras jamais, où je me persuaderais qu’il faut « couper le cordon », je sais au fond au de moi que tu grandis, continuellement, inexorablement ; je sais que tu apprends, à marcher, à parler, à dormir sans moi, à attendre, à compter, à imiter, à chanter, à passer du temps sans ton père et moi.

Je t’aime mon Titou. Je t’aime tel que tu es. Avec ton caractère. Ta fougue d’amour mal maîtrisée. Continue à m’apprendre à t’aimer tel que tu es.

 

Ta maman

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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 09:34

Hier soir, A. sort de table les mains encore pleines de sauce tomate et court jusqu'à sa chambre pour retrouver ses jouets. En maman consciencieuse que je suis, je l'appelle pour qu'il vienne s'essuyer les mains. En réponse, je n'entends que le silence, à la limite un bout de respiration concentrée. Faut croire qu'il est trop occupé pour m'entendre... Je réitère l'appel plusieurs fois, mais toujours rien...

 

OK. C'est une situation de crise. Mon fils ignore ma demande. Et en plus je m'égosille...  

 

A la place, je dégaine mon téléphone invisible et je compose bruyamment le numéro pour joindre mon fils "TÛ-TÛ-TÛ-TÛ".

 

- Allô ? Allô? A. ? Tu m'entends ?

 

Pendant une seconde, le même silence continue de régner. Mon homme me prend pour une folle, comme d'hab. Soudainement, du fin fond des entrailles de la chambre muette, s'élève une petite voix, claire et déterminée :

 

- Allô ? Maman ?

 

Gagné ! J'ai établi le contact !

 

- Oui allô A., je t'appelle parce que tu as oublié de te laver les mains en sortant de table, je crois qu'elles sont encore pleines de sauce tomate, pourrais-tu revenir à table pour que je te les essuyes et que tu ne mettes pas de sauce partout s'il te plait ?

- D'accord maman, z'arrive !

 

Et voilà une tornade blonde qui déboule dans le salon, les mains en avant, un sourire coquin et des pommettes

enjouées. Qui repart aussi vite dans sa chambre et compose bruyamment un numéro avec son téléphone invisible et entonne un joyeux :

 

- Allô maman ? Tu viens zouer avec moi au garage ? 

 

 

Morale de l'histoire : toujours avoir son téléphone invisible à portée de main !

 

 

Lilie

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 10:42

Je file le parfait amour avec mes petits hommes en ce moment. Un souffle de vie et d’harmonie nous a envahi, c’est si bon que j’en oublie de venir ici… A leur contact, et au contact de cet amour grandissant entre eux, je m’extasie, je sens la vie, je me remplis d’amour.

J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer qu’il ne fut pas facile, entre mes deux chérubins, de voir naître la complicité. Je me rends compte aujourd’hui que je mettais la barre bien trop haute, et pour eux, et pour moi. A présent, l’acceptation et le lâcher prise sont passés par là. Je n’ai plus cherché une seule seconde à les faire s’aimer. Nous avons traversé leurs tempêtes, et elles furent nombreuses : dans des affrontements impitoyables et armés, nos enfants se sont cherchés. A coups d’objets en pleine figure, de coups de griffes et de dents, ils se sont mesurés l’un à l’autre. C’était dur, émotionnellement très difficile, de faire confiance à cette violence, de les accompagner en toute empathie dans leurs états de haine envers l’autre. De se dire : c’est comme ça, ils ont le droit de ne pas s’aimer, ils ne se sont pas choisis…

Puis, un jour, un rire éclate. Non, pas un, mais deux ! Deux rires, qui résonnent l’un dans l’autre, comme une jolie chanson, un duo réussi. Et les jours passent, et les rires s’amplifient. Les petites mains caressent de temps en temps au lieu de taper, les bouches font des bisous parfois au lieu de mordre. Je découvre, émue, la complicité « vraie » entre mes enfants. Une complicité simple et naturelle, qu’ils ne doivent qu’à eux, dont ils sont les acteurs et les maîtres.

Un jour, A. est venu chercher son frère en le prenant par la main, en disant d’une voix douce : « Viens T., viens zouer avec moi, viens te casser, c’est bien T. ». Je ne pensais pas qu’un jour un tel spectacle me serait offert. Quand T. pleure, A. me demande s’il va bien. Quand T. attrape son frère par les cheveux, il me regarde et me demande « Lâccchhhe ? ». Quand A. chante une chanson, il ne tolère que son frère en accompagnement. Ils courent dans la maison, leurs rires illuminant les pièces. Ils sont complices. Complices, pour de vrai. C’est si émouvant pour moi…

Alors bien sûr qu’il y a encore des mandales mal placées, des bousculades musclées, des cheveux arrachés, des pleurs et des cris entre eux. Et c’est ainsi. Ce sont mes bonhommes, mes petits zouzous tout fous, qui apprennent à se connaître, à se jauger. Entre eux naît une leçon simple comme un courant d’eau claire : le rapport et le respect à l’autre. Au fil du temps, ils me montrent qu’un élément est essentiel pour parvenir à un minimum d’harmonie : la connaissance de l’autre et l’acceptation de celui qu’il est tel qu’il est.

Merci mes enfants, mes merveilleux loulous !

 

Lilie 

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 09:18

Bientôt Trois Ans !

Cela fait un mois que l’on souffle tes bougies ! Tu adores ça, dès que tu le souhaites, nous mettons des bougies sur des gâteaux en pâte à modeler pour te faire plaisir ! Tu dois sûrement regarder avec un grand intérêt les anniversaires des autres enfants de l’école, en attendant de pouvoir, toi aussi, t’approprier cette journée formidable. « C’est MON anniversaire » répètes-tu sans arrêt. « Tu chantes la chanson de l’anniversaire, maman ? » me demandes-tu, comme si tu voulais un énorme gâteau au chocolat, les yeux croustillant déjà de bonheur à l’idée de l’odeur qui s’élèvera dans la maison le jour J ! « Merciiiiii ! » entonnes-tu à la fin du refrain, t’extasiant sur les bougies, les petites joues déjà pleines d’air, prêtes à faire valser les petites flammes qui rigolent au-dessus des bâtons colorés ! On peut dire que tu t’entraînes assidument !

 

Et voilà que le jour arrive.

On se réveille en entonnant cet air que tu aimes tant. Ton parrain est là, c’est son anniversaire à lui aussi, tu chantes pour lui, joyeusement ! On met un CD aux chansons personnalisées à ton prénom ("Starmyname.com" : link), tu chantes, tu danses, tu fais le fou, choubidoubidoubidou !

Je ne peux résister à l’envie de te demander encore une fois si tu te souviens du jour de ta naissance, tu répondras pour la troisième fois « non ».

Il fait froid, mais un beau soleil est venu réchauffer la terrasse, nous mangerons dehors, c’est si chouette ! Mais tu n’es pas en grande forme, tu es fatigué, tu tousses, bien enrhumé, une petite sieste s’impose.

Une amie que tu adores, Lili, nous a rejoint. Tu es heureux quand tu la vois ! 

Je te prépare un gâteau au chocolat, un brownie, je réussis toujours mes brownies ! Il est là, encore fumant dans son plat, il est beau et sens terriblement bon ! Je m’extasie en t’imaginant le déguster… Mais en le retournant, il se brise en une dizaine de morceaux ! Gloups ! Heureusement que, pour les gourmands, le principal c’est que le goût soit au rendez-vous !

Donc voilà, un gâteau cassé, un petit chou enroué, qui souffle ses bougies avec un peu d’enthousiasme mais ne goûtera pas les préparations de maman, qui finira sa journée en pleurant et en vomissant, en dormant dans les draps de papa et maman...

Mémorable anniversaire !

Je t’aime


Ta maman

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 09:57

Il a bien grandit notre T. Tranquillement, mais sûrement. Il a fait ses premiers pas le 19 juillet. Il n'a vraiment commencé à marcher le 21 août. Voilà, ces dates sont gravées dans mon coeur et maintenant ici. 

 

Il a bien grandit T. Vous vous souvenez quand j'écrivais qu'il ne prenait pas beaucoup de place, qu'il était très conciliant? (J'en parlais ici :  Et une dent! ) Ce temps est bel et bien révolu. Vers un an environ, il a commencé à connaître des frustrations et à se défendre contre son frère qui ne lui rendait pas la vie simple. Petit à petit, il est devenu de plus en plus exigeant, et collant, surtout avec moi... En ce moment, nous vivons des instants difficiles avec lui. Il ne peut pas me voir disparaître sans hurler. Pourtant, nous vivons dans 50m2, je ne suis jamais loin! Mais non, il vit toute séparation de manière déchirante, pleure, crie, et depuis peu se fait carrément vomir.

Quand j'entendais parler de ce genre de comportements avant, je croyais que ça ne m'arriverait jamais, car je suis bien trop à l'écoute de mes enfants pour ça! Car s'ils pleurent, je les prends dans mes bras et les écoutent!  Donc ce n'était pas à moi que ce genre de choses allait arriver!!! 

Mais voilà, la parentalité est faite d'aléas et de surprises... Je croyais que seul A. avait la capacité de me remettre en question, je me leurrais totalement. Ca me rappelle à présent une conversation que j'avais eu avec une amie :

- Avec A., je vis tout pour la première fois, c'est pour cela que je vis les choses plus mal. Avec T...

- Avec T. aussi tu vis les choses pour la première fois!

- Oui, tu as raison, mais ce n'est pas pareil, je sais à quoi m'attendre...

Comme j'étais égarée! 

 

T. exprime à présent de manière violente ses sentiments. Il les vit violemment. Il n'est pas simplement frustré, ou en colère, ni même triste. Non, il est désemparé, en proie à ses émotions, qu'il ne reconnaît ni ne contrôle... Il peut passer beaucoup de temps à crier, à pleurnicher, à être à bras, à décider, à vouloir, à rejeter, etc. 


Hier, alors qu'il pleuvait des cordes, il n'a pas voulu mettre de manteau ni de pull. Je l'ai laissé expérimenter, mais l'eau qui lui dégoulinait sur la tête et les vêtements trempés m'angoissaent de plus en plus. D'un autre côté, l'obliger à mettre son manteau est un véritable combat. Alors que faire? 


Bref, je croyais avoir parcouru un sacré chemin et avoir tout vu. Heureusement, Petitou était là pour me rappeler que non, rien n'est jamais gagné, rien n'est jamais acquis, qu'il faut toujours se remettre en questions et continuer à réfléchir en confrontant nos comportements avec nos émotions. 

En somme, un vaste programme qui m'attend!!!

 IMG_2558.JPG

Lilie

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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 16:46

Passer de 400 à 50m2 : voilà quel était notre défi de cet été !

 

Contexte :

Quand mon compagnon et moi nous sommes connus, il venait de signer pour un appartement T1 de 50m2, sur plans, en rez-de-chaussée, avec jardin. L’été suivant, en 2006, nous y emménagions ensemble. C’était petit, mais nous étions comblés ! Comme beaucoup de couples, nous imaginions que l’agrandissement de la famille signifierait un changement de lieu de vie, vers une demeure plus spacieuse pour accueillir des enfants.

 

Un premier déménagement :

En février 2009, nous apprenons justement que cette petite famille est en train de se construire : A. vient de faire son nid ! Dans quelques mois, nous serons trois à partager deux pièces. Cela ne nous semble pas infaisable. Nous réfléchissons à des aménagements, ça cogite dur pour caser virtuellement un lit bébé, une table à langer, une armoire supplémentaire, une poussette, un transat, un parc, une chaise haute, etc.

C’est à ce moment-là que mes parents nous proposent d’aller emménager dans la maison vide dont ils sont toujours propriétaires mais qui reste inhabitée depuis qu’ils ont quitté la région. Pourquoi pas ? Cette maison est spacieuse, volumineuse, elle possède également un grand jardin. Nous serions donc plus à l’aise pour acheter du matériel de puériculture en nous prenant moins la tête. Mais quand je dis que cette maison est vaste, c’est un euphémisme ! Elle fait pas moins de 400m2 habitable, répartis sur 3 étages, elle compte 8 chambres en tout, 3 salles de bain et wc, 2 cuisines, 2 salons. Le jardin s’étend sur 3000m2.  Tout cela ne nous fait pas peur : je suis même heureuse de pouvoir entretenir la maison familiale, je me projette déjà dans de grandes réunions de famille joyeuses et régulières.

 

Trois années :

En août 2009, nous voilà installés dans cette belle et grande demeure, et si au début nous voulions utiliser un minimum d’espace, nous nous retrouvons à investir peu à peu chaque pièce de la maison. Notre petit A. y passe son premier hiver, un hiver très rude, neigeux, qui nous donnera nos premières mauvaises surprises de factures.  Pour autant, nous ne nous décourageons pas. Mes parents nous aident à passer ces caps et puis, dans le pire des cas, nous pouvons toujours revenir à l’appartement si nous le désirons, il nous  reste toujours cette solution de secours.

J’ai une énorme gratitude pour cette maison, c’est qu’elle m’a permis d’envisager la naissance de mon petit T. chez nous ! Je suis certaine que ce projet ne m’aurait pas effleuré l’esprit de l’entreprendre si nous avions été dans notre appartement. En quittant la maison, je suis d’ailleurs restée dans cette pièce où T. a vu le jour, tentant de m’imprégner une dernière fois de son odeur, du souvenir de premier cri de mon cadet…

Plus le temps passe, plus la charge que représente cette maison nous pèse. Et pas seulement l’aspect financier, mais bien le temps qu’il faut consacrer à un tel espace. Je suis une personne déjà passablement allergique au ménage, mais alors là-bas ma « pathologie » s’aggrave… Et lorsque je parviens à faire du rangement, il faut que les enfants soient absents car en leur présence tout devient très compliqué. Je ne les entends pas d’une pièce à l’autre, je n’ose pas aller mettre mon linge à sécher pour ne pas les laisser seuls en bas, s’ils viennent avec moi ils risquent de monter l’escalier qu’on ne peut pas barrer, ou de déchirer le papier peint des murs… Quand je fais la cuisine ils sont en général dans le salon où je préfère les canaliser devant le téléviseur plutôt que de faire d’incessants allers retours alors que j’ai des casseroles sur le feu. Rien que le fait d’envisager de commencer à faire le ménage me pèse, je n’arrive plus à me motiver, je tente de mettre en place des astuces pour alléger mes tâches, mais je me laisse dépasser aussi vite.

Le soir, nous sommes bien souvent fatigués, nous nous affalons devant l’écran de télévision, sans vraiment le regarder… Notre couple traverse alors une mauvaise passe : la maison pèse plus encore à mon compagnon car il passe son temps à bricoler, à réparer, à se demander ce qu’il devra bricoler ou réparer après avoir fini ses travaux, tout cela lui semble un cercle sans fin et complètement inutile, vide de sens.

De plus en plus, nous songeons à repartir dans l’appartement. Avec deux enfants, 50m2 et une seule chambre, cela peut sembler difficilement envisageable ; à nos yeux c’est surtout une solution en attendant qu’une autre opportunité se présente. Nous pensons que ça sera un effort à fournir quelques temps, quelques mois et peut-être, au pire, une année entière, histoire de nous refaire une santé, une santé financière, mais aussi une santé familiale, afin de recoller les petits morceaux brisés de notre petite famille, pour réapprendre à vivre ensemble, pour retrouver un semblant d’harmonie.

Il plane sur nous et ce projet comme une menace : les gens nous posent souvent des questions évocatrices d’une certaine angoisse de l’espace de vie réduit, de la contigüité, le besoin de préserver l’intimité de chacun. A cela, nous n’avons qu’une réponse : c’est un solution de dépannage.

 

Préparatifs :

Plus l’arrivée du déménagement approche, plus nous sommes heureux et revendiquons ce choix de vivre dans un petit espace. Grâce à un article de Catherine Dumonteil-Kremer, j’avais déjà réfléchi à la nécessité ou non de faire vivre une famille dans de grands espaces. Son article m’avait convaincue, même si dans les faits j’ai beaucoup craint que cela ne nous convienne pas. Pourtant, ces derniers mois nous étions plus sûrs de nous que jamais, de plus en plus sereins dans notre décision.

Nous épurons nos armoires, nous vidons, nous donnons, nous vendons, nous faisons des choix, nous faisons du tri. En fait, tout cela nous correspond totalement dans notre démarche de développement durable : aller à l’essentiel, à ce qui est vraiment utile, vraiment important pour nous. Si nous avons du mal à laisser nos livres, en revanche les vêtements diminuent de moitié et les meubles se comptent sur les doigts d’une main ! Dès que nous commençons une phrase par « au cas où… », nous nous regardons, mon cher et tendre et moi, nous nous sourions, complices de cette conclusion : cette phrase est le signal que ce n’est pas un objet à l’utilité avérée. Il finira dans le carton « à donner » !

 

Une nouvelle vie !

Nous avons emménagé dans l’enthousiasme de retrouver ce petit cocon qui avait vu nos débuts d’amour, de notre vie à deux et de notre vie de famille. Nous organisons la maison : la chambre, la seule et unique chambre, servira aux enfants. Un lit superposé nous permet de stocker de nombreuses affaires dessous et dessus (les enfants étant trop petits pour profiter tous les deux de cette structure). Une penderie vient compléter l’armoire murale de la chambre pour les vêtements de toute la famille. Le lit de T. peut largement tenir dans cet espace, ainsi que les divers et nombreux jouets que nous avons conservés. Nous sommes étonnés de la facilité avec laquelle tout ce que nous avons rentre et nous laisse de l’espace ! Alors que lorsque nous n’étions que deux, nous avions tant l’impression de manquer de place, de ne jamais avoir assez de placards, jamais assez d’étagères, que nous imaginions faire tant d’aménagements pour accueillir un seul tout-petit, à présent nous avons le sentiment de déborder de vide ! Il faut dire qu’en trois années, nous avons changé quelques meubles, le mobilier est plus succinct mais aussi plus léger. Résultat : nous stockons, mais sans surcharger les murs.

Nos enfants sont vraiment très heureux ! Ils n’ont pas besoin de plus de place, ils sont près de nous et semblent parfaitement comblés. La vie pour eux est la même qu’avant. A la grosse différence que nous sommes là pour eux. Et oui, ça c’est LE gros changement de cette nouvelle vie : nous sommes beaucoup plus disponibles pour toute chose. Faire le ménage ne me prend que quelques minutes, je peux en faire tous les jours sans que cela ne me dérange (que le lecteur ne s’y méprenne pas : je ne suis toujours pas une Cendrillon non plus, faut pas rêver !). Trier mon linge, le ranger, faire la cuisine, la poussière, changer les poubelles, nettoyer l’aquarium,  tout cela je le fais avec mes enfants à portée de regard, même s’ils sont en train de patauger dans la baignoire. C’est si facile tout d’un coup ! Je me sens légère, je me mets à faire des choses que je reportais sans arrêt avant, comme la couture, la lecture, du dessin.

Mon chéri vit la même métamorphose. Le peu de travaux qu’il veut entreprendre sont accessibles et il est toujours à nos côtés, et plus au fond du jardin ou caché dans quelque pièce de la maison.

Notre chambre est le salon : un excellent canapé-lit, parfaitement confortable, nous sert de couchage, que rangeons tous les matins afin de retrouver l’espace de la pièce à vivre. En plus de ne pas être aussi fastidieux que nous l’imaginions, l’heure de faire et de ranger le lit est devenue un vrai moment de partage familial : chahut, rires, batailles de polochons formidables, sauts, roulades, plongeons, envols de draps, sont devenus notre rituel de chaque matin et soir. Et nos petits qui nous aident dans chacun de nos gestes. Que de tendresse…  

En prime, nous avons laissé tomber la télévision. L’objet est toujours là, il sert à la visualisation de DVD, presque exclusivement par les petits d’ailleurs. Et nous… nous nous passons des programmes télévisés avec beaucoup de plaisir ! Déjà, parce qu’avant il nous arrivait souvent de regarder des programmes totalement inintéressants et sans intérêt, nous passions notre soirée zappant de chaîne en chaîne à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent, nous arrêtant en dépit de sa mauvaise qualité sur la  moins mauvaise des séances… Ensuite, parce que le programme avait parfois tendance à servir de défouloir, de moment de détente, d’où des situations de délaissement des petits au profit de ces instants de déconnection illusoires ! La télévision, bien souvent allumée alors, absorbait nos esprits et, avec eux, notre disponibilité auprès des loulous.

 

Tout cela est si simple maintenant… Nous nous sentons si sereins dans ce petit foyer, cette « petite maison » comme l’appelle notre aîné, petite peut-être en taille et en volume, mais si grande, immense même, pour sa capacité à resserrer les liens, à développer l’intimité et à propager l’amour ! Plus sereins, plus proches, plus heureux. On n’en demandait pas tant, et pourtant c’est mieux que la lune ! Tellement bien, qu’on s’y voit bien y rester plus longtemps que prévu…

 

Lilie

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