Une mère-Une Femme

Debriefing de la semaine, une semaine bien mouvementée!

Lundi, le 28 mars

Je me surprends à avoir envie que mon 'tit bonhomme arrive aujourd'hui… Je née un 28, son frère aussi, ça serait drôle non?! Donc on n'hésite pas à aller aux bébés nageurs, à jouer avec le fiston, à lui courir derrière, etc etc etc! Vers 16h, je sens un petit écoulement… YOUHOU ça y est la poche a dû se fissurer!!! On attend un peu, mon homme rentre du travail, on se prend à y croire, on court partout dans la maison pour achever les derniers préparatifs. 

Mais quelques heures plus tard, il faut se rendre à l'évidence : rien ne s'écoule plus, rien de rien!!! Bon, ce n'est pas grave, il a le temps le petit loulou. Et puis, au moins, tout est prêt maintenant!

Hier, le 30 mars

La sage-femme nous rend visite. Elle arrive vers 16h. Elle fait la connaissance de notre petite tornade qui met en oeuvre toutes les stratégies pour atteindre le monitoring! Malgré ça, je trouve que le contact passe bien entre eux. 

Monitoring d'une bonne demi-heure. On discute de choses et d'autres… Je me sens bien, de plus en plus en confiance avec C. Je regrette de ne pas arriver à la tutoyer, c'est le seul "blocage" que j'ai avec elle, alors que je sens bien qu'elle essaye de nous tutoyer aussi. Je ne fais pas trop attention au monito, mais quand elle l'arrête elle annonce avec une pointe de surprise dans la voix: "Des contractions toutes les 6 minutes quand même!"

Ah bon???!!!! Je savais bien que j'avais des contractions, mais je ne pensais pas qu'elles étaient régulières. Je suis sûre que le col a travaillé! Elle me demande si je veux qu'elle m'ausculte, j'accepte avec grand plaisir!!! Elle confirme le diagnostic de la gynécologue de la semaine dernière : col bien postérieur, encore un peu long mais ouvert à 2. 

Je ne retiens plus ma joie!!! Je suis à la limite d'improviser une danse dans le salon… 

Comme c'est drôle, ça se passe complètement différemment de mon premier accouchement! Je suis heureuse qu'il prenne son temps, pour A. tout avait été tellement rapide ; au moins, là, les choses vont tranquillement et je les sens, je profite de chaque contraction, de chaque minute d'insomnie, pour appeler mon bébé… 

Ce matin c'est très calme. Mais je suis sereine et tellement optimiste! Je pense que je ne pourrais pas m'empêcher d'aller me promener aujourd'hui, malgré le temps pourri qu'il fait!

A quel point une femme enceinte sent que la fin approche? 

Depuis hier soir, je me sens… comment dire… toute drôle… 

Faut dire que c'est la pleine lune cette nuit. Est-ce cela qui me fait ressentir des sentiments aussi contradictoires??? Est-ce l'approche de l'accouchement qui me trouble à ce point??? 

Cela fait plusieurs soirs que je prends mon temps pour coucher A. Je lui susurre des mots d'amour, des des milliers de "je t'aime" suivis d'un panel infini d'adverbes qui ne sont jamais assez forts pour traduire ce que je ressens… Je le sers fort dans mes bras, je le regarde comme si c'était nos derniers instants ensemble, comme si le lendemain ne nous permettrait plus ces moments de tendresse et d'amour… 

Ce soir, j'ai resserré mon étreinte, j'avais les larmes aux yeux. Tout d'un coup j'ai eu peur. J'ai eu peur de le perdre… C'est bête non? Je ne vais pas le perdre en mettant au monde un deuxième enfant! C'est évident! Mais tout va changer, et ce changement, j'en ai peur, je le redoute, car je ne veux pas perdre mon fils tel qu'il est aujourd'hui, je ne voudrais pas qu'il change avec l'arrivée de son frère, je ne voudrais pas que notre vie change du tout!!! Je voudrais que ma petite graine vienne au monde et que tout reste pareil. 

Mais ça, ça n'est pas possible… On va forcément changer! Tout va être différent… Je lis souvent des femmes dire qu'une part d'elle meurt pendant l'accouchement pour laisser renaître une femme nouvelle, une mère nouvelle. Je crois que c'est exactement ce que je vis en cet instant… Je commence à faire le deuil de cette vie à trois, de ma vie de maman d'un seul enfant, d'A. comme enfant unique, comme centre et amour de ma vie, et j'ai peur oui, j'ai peur de laisser mourir cette maman-là. C'est la peur de l'inconnu, de ce nouvel enfant, de cette vie nouvelle, où j'aurai deux enfants, où A. sera un grand frère… Un super grand frère!

Lilie

… dans le fauteuil!

Je vous écris depuis le fauteuil de mon salon, où je reste allongée. Dimanche, après avoir fait un peu de jardinage, j'ai commencé à avoir des contractions, pas douloureuses, pas méchantes, mais elles revenaient sans cesse…

Hier, moins de contractions, mais celles que j'ai eues étaient plus fortes et un peu plus douloureuses dans le bas du ventre, genre légères douleurs règles.

Et depuis ce matin, presque plus de contractions mais un bébé très présent derrière le col! Le coquin! Quelques douleurs un peu désagréables, toujours un peu comme des douleurs de règles… 

Alors, voilà, je profite de cette journée pour ne rien faire, me reposer, rester allongée, couchée, somnolente! J'en ai surement besoin.

Encore un petit mois à tenir… Vendredi, je revois gynéco et sage-femme, donc affaire à suivre. 

Oui c'est un peu plat, mais je ne savais pas trop quoi écrire! 

Lilie

6 mois aujourd'hui! D'ici 3 mois, ce nouveau petit coeur sera près de nous… Je n'arrive pas à me décider entre "déjà 6 mois???" et "encore 3 mois…", aujourd'hui je suis fatiguée, j'ai l'impression que jamais je n'arriverais à m'occuper de 2 enfants, que jamais je ne parviendrais à garder mes beaux principes de mère calme, communicante et patiente, que je vais devenir une harpie en furie au moindre chouinement, que je vais me transformer en un monstre de nerfs en pelote… Bref, aujourd'hui je positive! 

Ca serait pas plus simple de penser "on verra ça quand on y sera!"???

Si… ça serait plus simple… 

En attendant : 

C'est merveilleux d'être enceinte et sereine… 

Je te ressens en moi, tu sembles si bien, je sens que tout roule. Notre amour grandit, le mien, celui de ton père, et même celui de ton frère  je pense. Ton papa regarde ton nid avec de plus en plus de tendresse, ce ventre qui s'épanouit magnifiquement en ce moment, il le touche, le caresse, de ses mains et de sa voix. Ton grand frère, lui, ne doit pas vraiment comprendre ce qu'il se passe : quand nous lui montrons l'écrin dans lequel tu vis, il tape dessus à grands coups, et nous de lui intimer "doucement, doucement, caresse…" Mais c'est de bonne guerre je crois : quand il est contre moi, tout calme et câlin, c'est toi qui vient le chatouiller de tes petits mouvements de boxeur. J'adore quand tu réagis à la présence de ton grand frère, j'en suis tellement émue… 

Bref, je suis bien, je me sens en harmonie avec mon corps, en harmonie avec notre famille, je suis prête à t'accueillir le plus sereinement du monde, la vie à quatre ne m'effraie plus, je ne crains plus vos âges rapprochés. Quand votre père souffle en riant et me dit qu'avec deux ce sera pire, j'ai envie de lui répondre que non, ça sera bien parce que ça sera nous, nous serons ensemble et c'est ça qui est important, ensemble à profiter de chaque jour et de chaque seconde.

C'est merveilleux une grossesse zen! Lorsque je repense à toi, mon petit A., quand je repense à ces temps où je te portais, je regrette un peu de ne pas avoir été plus en paix avec moi-même, mais il fallait passer par là pour comprendre, pour me rendre compte que donner la vie est l'acte le plus vieux du monde et le plus naturel, c'est toi qui me l'a appris, c'est grâce à toi que je me sens si bien aujourd'hui, que je suis si heureuse d'être mère. 

Je me souviens de cette obsession de la consultation gynécologique, l'impatience entre les échographies, le soulagement du "tout va bien " du docteur. Ces rendez-vous qui rythmaient les mois ne duraient que quelques minutes pour la plupart et ne répondaient pas à mes questions. Ce sont les cours de préparation à l'accouchement qui ont commencé à me rassurer, grâce à cette sage-femme qui expliquait avec tant d'humour et de simplicité les étapes de ce moment que nous nous apprêtions à vivre. Envisager la mise au monde de son enfant comme un acte naturel n'a pas été un cheminement naturel pour moi… A environ cinq mois de grossesse, c'est un reportage qui me fait prendre conscience que l'être que je porte devra sortir de mon corps : panique à bord, non je ne suis pas prête, non il ne peut pas sortir ce bonhomme!!! Assez rapidement, je retrouve mon calme, mais je ne me leurre pas, accoucher, ça doit être douloureux et je ne me sens pas prête à vivre ça. Et si j'avais su la surprise que tu me réservais, mon fils adoré, mon A., pour ouvrir les yeux de ta maman aveuglés par un système qui m'avait privée de l'instinct le plus primaire, donner la vie, qui n'est rien de moins qu'un réflexe de survie pour toute espèce. Alors merci de m'avoir permis de vivre cette aventure, cielito, car aujourd'hui elle m'a rendu ma force de femme.

Quant à toi, Petite Graine, tu t'épanouis en moi. Nous sommes à 20 semaines de grossesse : la moitié du chemin est déjà parcourue...

C'est merveilleux une grossesse...