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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 14:46

« Les enfants ont besoin d’un cadre pour bien grandir ! »

« Ils ont besoin de limites ! »

Ce sont souvent des injonctions que je reçois parce que j’ai choisi d’élever mes enfants sans punitions, sans sanctions, et sans cris (autant que possible).  

 

Il y a quatre ans, quand je commençais à entrapercevoir qu’il existait une autre forme d’éducation que celle que j’ai connue, une éducation sans punition, sans cri, je n’aurais jamais imaginé le chemin que j’allais parcourir…  J’ai parfois traversé des moments de doutes, notamment parce que j’ai longtemps cru que la « bienveillance éducative » demandait d’être toujours à l’écoute et disponible pour ses enfants. Aujourd’hui je comprends qu’il ne peut y avoir bienveillance envers les enfants que si nous en faisons preuve pour nous-mêmes, et aussi pour les autres, l’entourage, la famille, les amis, la société. La bienveillance est devenue plus qu’éducative : elle est devenue un art de vivre pour moi, un apprentissage qui, je pense, aura lieu tout au long de ma vie.

 

On me dit qu’il n’y a pas de bienveillance sans limite, sans cadre. J’entends cela et en même temps, l’idée que ce cadre soit nécessaire ne me parle pas, car j’ai le sentiment qu’il existe, quoi que je fasse… Parfois, j’ai le sentiment que l’on m’assène cette vérité pour me faire comprendre quelque chose : qu’il y aurait un besoin IMPERIEUX de mettre des limites.

Alors j’imagine deux secondes ce que serait un monde sans limite : mes enfants s’envoleraient en sautant d’un balcon, je serais très souvent tapée par eux, je les laisserais marcher comme ils veulent sur la route face aux voitures, j’irais acheter illico presto des cordons bleus s’il n’y en a plus dans le frigo, la maison serait jonchée de jouets que je rangerais seule, nous arriverions à l’école en retard tous les matins et le petit n’irait presque jamais à la crèche ou chez sa nounou, etc etc. Est-ce que je vis sans aucune limite ? Non. En revanche, je peux dire que j’ai revu un très grand nombre de mes limites et notamment celles que je mettais par peur d’en faire des « enfants rois », des « enfants tyrans ». Peu à peu, mes frontières se sont atténuées. J’ai préféré laisser la place à plus de liberté lorsque cela était possible pour moi, pour mon conjoint, pour nous deux ensemble. Nous avons laissé la place à une réflexion individuelle autour de nos limites personnelles, en lien avec nos propres ressentis, qui ne sont pas ceux des autres, qui n’ont pas à être ceux des autres, et nous essayons de trouver un compromis respectueux des ressentis de chacun. C’est pour cela que j’invite mes enfants à réfléchir sur ce qu’ils ressentent, que je les incite à parler de leurs choix.

blog1.JPG 

Peu à peu, je me suis détachée de l’idée que je suis « celle qui sait » ce dont mes enfants ont besoin. Je suis convaincue qu’ils connaissent parfaitement leurs besoins et qu’il suffit parfois d’un cadre approprié, d’un cadre sécurisant et sécurisé pour leur permettre de les exprimer et d’y répondre d’eux-mêmes. De mon côté, je me suis connectée à mes propres besoins, un peu plus chaque jour, j’ai écouté ces petites voix en moi qui me disent « qu’est-ce qui est bon pour moi là, maintenant ? ».

 

Nous avons parfois des besoins vraiment incompatibles avec mes enfants… Parfois je suis complètement exténuée, déprimée, j’aurais besoin de ne plus les avoir autour de  moi et de disparaître dans un trou de souris où je pourrais dormir des heures, alors qu’eux au contraire ont besoin de mon affection, de mes câlins, de mon temps, de ma disponibilité. Dans l’idéal, nous essayerions de trouver une réponse qui conviennent à tout le monde, qui respectent les besoins de chacun : j’ai besoin de repos, tu as besoin de passer du temps avec moi, pourquoi n’irions-nous pas lire dans le lit, en nous endormant doucement les uns à côté des autres ? Je n’ai pas de réponse toute faite. Je n’ai pas de réponse parfaite. Parfois ils entendent mon besoin du haut de leurs 3 et 4 ans, je peux me permettre alors de sommeiller un peu, de faire une activité ressourçante pour moi. Parfois, ce sont leurs besoins qui sont impérieux et je sacrifie mon besoin pour le leur : je vais essayer de leur offrir un moment de qualité, dans la mesure de ma possibilité, en espérant que cela leur permettra de me laisser un peu plus tranquille quelques heures plus tard. Et parfois, personne n’est apte à écouter les besoins de l’autre, et nous nous retrouvons dans un joyeux bordel !!!

 

La bienveillance, je la pratique envers moi-même également. Lorsque je ne me sens pas capable de répondre parfaitement à leurs besoins et que nous avons des accrocs, que sortent les hurlements, les reproches, alors je tâche de voir en moi les besoins délaissés qui crient famine et qui auraient eu bien besoin d’être nourris, je tâche de me pardonner de ne pas avoir répondu de manière idéale auprès de mes enfants, et je me promets que je ferais mieux les fois suivantes, en réfléchissant à la façon dont j’aurais pu combler mon besoin dans cette situation, qui devient une expérience enrichissante.

 

J’ai aussi beaucoup évolué sur ma façon de transmettre les valeurs importantes à mes yeux. Je crois beaucoup au pouvoir de l’imitation, c’est en cela qu’il me semble important de montrer l’exemple à mes enfants, notamment sur des questions telles que la politesse, l’empathie, la sérénité, l’écoute de ses besoins…

Je constate d’ailleurs que le mot « éducation » me convient de moins en moins. Je lui préfère celui de Transmission. Quelle différence je fais entre éduquer et transmettre ? Dans éduquer, j’entends une forme d’unilatéralité : l’éducation va du « sachant » à l’ « apprenant », cela implique dans mon ressenti que je suis celle qui sait et que mes enfants ne savent pas, qu’il faut donc que je leur apprenne ce qui leur est bon de savoir.

 

Dans le mot Transmission, je vois plutôt quelque chose de l’ordre du partage de connaissances, du cadeau des savoirs mis en commun.

En tant qu’adulte, j’ai des compétences que je peux offrir à mes enfants afin de leur garantir un certain nombre de conforts : je suis grande et ait une vision profonde, je leur offre cette compétence lorsque nous marchons ensemble sur la rue afin de les protéger des dangers de la circulation ; le circuit neuronal abouti de mon cerveau me permet d’anticiper les conséquences de certaines situations, et mon expérience me permet de me souvenir de ce que je souhaite voir se répéter ou ce que je ne souhaite pas revivre, ainsi je transmets à mes enfants quelles situations me semblent dangereuses ou néfastes pour eux ; j’ai la capacité de lire, de synthétiser des informations, de mener une réflexion, de prendre des décisions pour moi, je peux donc transmettre à mes enfants le fruit de ces trouvailles et leur permettre de nous apporter une vie plus saine selon mes critères.

 

Dans le mot Transmission, ce que j’aime le plus, c’est qu’il me permet de prendre conscience des compétences de mes enfants et de m’en émerveiller ! Ils ont la compétence de vivre totalement dans l’instant présent, ce qui leur permet de me rappeler bien souvent que les inquiétudes et les tourments quotidien ne valent pas l’éblouissant spectacle de la vie et la beauté du monde qui nous entoure ; ils ont la compétence d’être totalement dans le ressenti, à l’écoute de leur sens, ainsi ils m’enseignent que la peinture portée à bout de doigts sur le corps entier est un délice sensoriel ; leur besoin d’attachement est tellement intense qu’ils ont une compétence innée en amour inconditionnel et, quoi que nous leur disions, quoi que nous leur fassions, ils recherchent instinctivement notre affection, nous enseignant de la sorte que l’amour est plus fort que tout…

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J’aime ce que je transmets à mes enfants, je suis en phase avec moi-même et mes convictions. J’aime cette définition de l’éducation bienveillante…

 

Encore un article pour rien, juste pour me rassurer moi-même dans ma tête !

 

Lilie

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21 mars 2014 5 21 /03 /mars /2014 07:59

J’arrive juste à l’heure. Nous avons du mal à trouver deux places côte à côte mon amie et moi : beaucoup de monde est là, la salle est presque pleine !!! Elle est déjà sur la scène, en mouvement. J’ai l’impression d’être au concert d’une superstar et je me dis : « Waaa… C’est elle pour de vrai !!! »

Isabelle Filliozat, THE psychologue de l’éducation non-violente en France, auteure de nombreux ouvrages ressources pour tant de parents qui décident de s’accomplir dans cette voie !

Elle propose une conférence interactive : les spectateurs reçoivent des bouts de papiers sur lesquels ils posent une question, à laquelle elle tentera de répondre. Je ressens une grande énergie en cette femme, qui bouge sur la scène, se meut d’un bout à l’autre, et elle me touche profondément par son humour et sa joie de vivre, sa vision positive de la vie.

 

 

Elle commence par rappeler ce qu’elle entend par « parentalité positive ». Ce n’est pas le contraire de « parentalité négative » comme elle dit. C’est une parentalité qui met au centre de son attention les besoins de l’enfant.

Être à l’écoute des besoins de son enfant, c’est entre autre ne pas projeter nos compétences d’adulte sur nos enfants. A 8 ans par exemple, le cerveau d’un enfant peut tout juste  retenir 5 consignes à la fois. En conséquence, lui asséner un nombre incalculable d’ordres et de consignes (avant de partir à l’école par exemple) est bien souvent infructueux et cela est normal. Pour développer les compétences de l’enfant à s’organiser et développer son autonomie (un des besoins les plus importants de l’enfant), il s’agit de faire appel à la zone préfrontale de son cerveau, cette zone qui favorise l’organisation, la réflexion, l’empathie : ainsi, le parent favorise l’autonomie chez son enfant ! « On va à l’école : qu’est-ce qu’il te faut ? »

 

 

S’adapter aux compétences de son enfant évite les heurts. Connaître les trois causes possibles d’une crise permettra à l’adulte de savoir comment réagir au mieux pour son enfant. Ces causes possibles sont :

  • un besoin non comblé
  • une émotion refoulée
  • une surcharge émotionnelle

Isabelle Filliozat annonce alors qu’elle va tirer le premier papier et lire une question.

 

 

 

1ère question : une enfant de 20 mois s’endort très bien en l’absence de son parent, mais en sa présence l’endormissement est véritable calvaire !

 

La psychologue commence par nous parler de l’importance vitale de la figure d’attachement chez l’être humain, depuis les découvertes des travaux de Konrad LAWRENCE et de John BOWLBY, ce monsieur qui a fait l'expérience de devenir la maman, ou plutôt la figure d'attachement, de canetons rien qu'en étant le premier visage vu par ces petits !

La figure d’attachement, c’est cette source d’amour inconditionnel à laquelle reviendra le bébé lorsqu’il aura besoin de sécurité. Et dans la société d’aujourd’hui, c’est souvent la maman qui représente cette figure d’attache. Parfois, il est très dur de s’endormir sans elle, car le besoin de l’enfant est de se ressourcer auprès de cette figure afin de se rassasier en confiance, en amour inconditionnel, avant de lâcher prise sur cette séparation qu’est le sommeil. Et parfois, c’est l’inverse ! L’enfant va faire la misère à sa figure d’attache avant de s’endormir, parce qu’elle est justement sa ressource essentielle en laquelle il pourra décharger ses émotions, ses surcharges émotionnelles : figure d’attache = figure de décharge. L’important est d’être là, présent à son enfant, à l’écoute de son besoin, tout en se rappelant que lorsque notre bébé pleure ainsi dans nos bras : c’est SUPER !!! C’est qu’on est une super figure d’attachement !!! Hey, ça s’appelle parentalité « positive », ne l’oubliez pas 

 

 

 

2ème question : le fameux dilemme du PUNIR / LAISSER FAIRE ???!!!!

 

Isabelle Filliozat précise avec humour : « Il y a un blocage… Mais d’où vient-il, ce blocage ? Si ça bloque, c’est qu’on est 2 à bloquer ! ». Perspective très intéressante : combien de fois nous pensons avoir à faire à une tête de mule alors que, face à lui, nous nous buttons tout autant !

 


Lorsqu’il y a une situation de blocage, elle propose de revenir à l’essentiel : écouter le besoin de l’enfant. Car un enfant qui bloque est un enfant en stress. Et le stress est une réaction physiologique, pas psychologique. C’est la réaction physiologique qui va permettre à l’être humain de réagir à un message de « danger ». Dans son cerveau, l’amygdale, qui est le récepteur et le gestionnaire de ces états de stress, sonne l’alarme. Son organisme va alors répondre de trois façons possibles :

  • par l’attaque : je suis une femme préhistorique et voilà que le mammouth me charge ! Je peux me défendre et l’attaquer en retour !
  • par la fuite : je suis toujours une femme préhistorique et lorsqu’un gros mammouth fonce sur moi, je détale à toute vitesse !
  • par le figement : je suis encore une femme préhistorique et, quand je vois un immense mammouth me foncer dessus, j’adopte la stratégie de la sourie morte en espérant que le mammouth ne me voit pas. Parfois, ça marchait ! Si si !

 

Une vidéo qui montre parfaitement bien comment réagit notre cerveau à la colère: link


Il y a une hiérarchie parmi les réactions au stress : répondre par l’attaque nuit moins à la structure émotionnelle de l’être humain que la fuite, et la stratégie de figement est celle qui nuit le plus. Or, face à un parent ou un professeur en colère qui hurle, que fait le plus souvent un enfant ? Il se sent figé de l’intérieur.  


On dit nos enfants « intolérants à la frustration », mais il serait bien plus utile de leur poser une question sur leurs ressentis : quel est le souci dans ton cœur ? Et rester aimants !

 

 

Oui, parce que nous, adultes forts et orgueilleux de notre savoir et de notre expérience, nous avons tendance à croire que l’amour ne se donne qu’une fois les problèmes évacués, une fois les sanctions posées, les sermons bien bassinés. Et je noterai pour toujours cette phrase fantastique qu’Isabelle Filliozat a prononcé à ce moment-là pour illustrer ce paradoxe :


L’amour n’est pas une récompense. C’est un carburant.

Imaginez que votre voiture soit presque en panne d’essence, lui diriez-vous : écoute ma grande, on doit faire le trajet de Talence à Bordeaux, je ne remplirai ton réservoir qu’une fois que tu auras bien voulu m’amener à Bordeaux !!! 


Bien sûr, on explose de rire ! On trouve cela absurde !

Ben les émotions, c’est pareil !!!


Nos enfants ont un réservoir émotionnel qui, lorsqu’il est vide, pousse l’enfant à faire des conneries ! Car oui, il a besoin d’attention. On le dit d’ailleurs très bien : « Tu fais l’intéressant ! Elle attire l’attention sur elle ! » Mais oui, c’est ça !!! Nos enfants ont besoin d’attirer notre attention : sur le fait que leur réservoir émotionnel se vide et qu’ils ont besoin de se recharger en amour, en attachement, en NOTRE AMOUR INCONDITIONNEL DE PARENTS.

 

Elle nous rappelle que le besoin d’attachement est un des besoins vitaux les plus importants de l’être humain et des primates et qu’il prime sur le besoin de nourriture. Un petit singe ou un petit d’homme préfèrera se laisser mourir de faim plutôt que de renoncer à tisser un lien avec une figure d’attachement. Le besoin d’attachement vient juste après le besoin de respirer ! Rien-que-ça…

 

Le stress va engendrer une montée de cortisol, une hormone qui va désorganiser notre cerveau : l’enfant montre alors des signes d’hyperactivité, de défiance ou d’argumentation.

 

L’idée, c’est de remplir le réservoir AVANT qu’il ne se vide ! Et pour cela, elle recommande de prendre plaisir à vivre ensemble, de se nourrir au quotidien.

Les matins sont difficiles car il faut se dépêcher, elle traine, vous la booster, elle ne vous écoute pas… Dans cette situation, le stress s’accumule, les réservoirs de tous se vident… Pourquoi ne pas lui proposer de jouer à s’habiller ?

 filliozat2.JPG

 

 

 

La dernière question : comment être le parent qu’on aurait voulu être ???

 

Quelle question, n’est-ce pas… Comment parvenir à être ce parent patient, aimant, toujours accueillant et toujours souriant, toujours empathique et toujours solide ? Pourquoi on perd pieds madame Filliozat ??? Pourquoi parfois on a super-méga-giga-envie de trucider nos petits chéris d’amour adorés ???

 

La réponse a été trouvée grâce à l’IRM de cerveaux de parents. On a découvert que lorsque l’on montrait à un parent des images de son enfant qui pleure, dans son cerveau s’allument les zones du care taking, ces zones de l’empathie naturelle, qui vont déclencher la réaction spontanée d’aller vers l’enfant pour le consoler, le prendre dans ses bras, prendre soin de lui… Si l’on est un parent qui a reçu le fameux attachement quand il était bébé. Est-ce votre cas ?

 

Quand le parent n’a pas reçu cet attachement, qu’il a beaucoup pleuré seul, qu’il a été peu porté, que ses émotions ont été ignorées ou niées, son amygdale a souvent, trop souvent, été dans un état d’alerte, elle est devenue hyper réactive ; c’est un parent qui possède également moins de récepteurs à ocytocine. Autrement dit, il est plus rapidement soumis au stress et n’a pas la capacité d’empathie, d’amour, pour répondre à son enfant et combler ses besoins. Ce que l’amygdale déclenche dans le cerveau de cet adulte lui fait représenter son enfant qui pleure comme un danger potentiel. Isabelle Filliozat dit en riant : on prend son enfant pour un gros mammouth !

 

 

Lui, qui a vécu dans sa propre chair le rejet, en a peur lui-même face à cet enfant : et s’il était rejeté en lui donnant de l’amour ???

La peur du rejet… Voici une autre vidéo qui illustre parfaitement la réaction presque instantanée d’un nourrisson dont la maman cesserait d’interagir, un nourrisson qui pourrait se sentir nié, ignoré. La still face experience, l’expérience du visage impassible : link

 

Voyez comme l’enfant se désorganise à une très grande vitesse. Et imaginez maintenant ce que ressent un enfant qu’on regarde dans les yeux sans sourciller pour lui signifier notre mécontentement, qu’on ignore, qu’on met au coin, qu’on punit dans sa chambre… Et souvenez-vous de ce que vous avez ressenti quand votre enfant ne vous obéit pas, continue à agir comme s’il ne vous entendait pas, ou vous a regardé sans réagir quand vous lui avez demandé quelque chose plusieurs fois… (en tous cas moi je me souviens pour moi !!! voir Le monstre qui est en moi  )       

 

 

 

Isabelle Filliozat pointe aussi du doigt la nocivité de certaines denrées de notre alimentation occidentale moderne : les additifs alimentaires comme E211, la viande de bœuf nourrie au maïs, le sucre et la farine raffinés.

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Une expérience a été faite dans des prisons et des établissements scolaires : quand les sucres et les farines raffinés ont été supprimés, tous les types d’incivilité ont diminué de 47 à 51 %.

 

 

 

Elle insiste sur le fait que la France est le pays le plus autoritaire d’Europe et le plus réfractaire à une loi bannissant les châtiments corporels, nous sommes même l’un des pays d’Europe à ne pas l’avoir encore adoptée.

 

L’autorité va à l’encontre des comportements physiologiques de l’enfant.

 

 

 

Je suis sous le charme de cette personnalité positive, très solaire, rayonnante. Son discours est à l’image de ce qu’elle dégage : de l’optimisme, de la joie de vivre.

En sortant de la conférence, je me sens gonflée à bloc ! J’ignorais tant de choses sur les mécanismes physiologiques du stress, des hormones, je comprends tellement mieux certains de mes comportements.

 

Si vous avez un jour l’occasion de voir une telle conférence, n’hésitez pas une seule seconde : FONCEZ ! Pas de mammouths en vue 

 

 

 

Lilie

 

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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 18:23

A la lecture de mon billet précédent sur la culpabilité de ne pas allaiter, une amie très chère m'a proposé de me livrer son témoignage d'allaitement. C'est avec beaucoup de joie et de bonheur que je la partage avec vous. Voici les mots de mon amie Lauriane :

 

*****

 

une chose naturelle, innée


Déjà enceinte je savais que je voulais allaiter. Autour de moi, dans la lignée des femmes de ma famille, mais aussi des femmes qui m’entourent, très peu ont allaité, et très peu comprenaient ce choix que j’allais entreprendre de faire. Allaiter son nouveau né était pour moi une chose naturelle, innée et tout à fait normale. Je les entends encore me dire ou me murmurer à l’oreille pour les plus gênées d’entres elles, qu’avec tous les super laits en poudre qui existent aujourd’hui pourquoi Ciel j’allais m’embêter à allaiter ? Leurs mots résonnaient en moi comme un jugement, un jugement dans lequel je sentais et ressentais un sentiment de frustration pour celles ayant échoué ou pas tenté l’expérience, et un sentiment  de contrariété pour les autres. Allais-je douter ? Poursuivre et maintenir mes idées, ce qui me semblait le meilleur pour mon enfant ? Ou être influencée par toutes ces femmes et sous leur emprise en m’inclinant devant mon choix d’allaiter pourtant si fort, tout comme était ce lien qui nous unissait jusque là…  

 

une spirale infernale


Mon accouchement est pour bientôt, ma DPA approche. J’ai accouché une semaine avant terme. Un accouchement long et difficile. Je suis fatiguée, j’ai faim, j’ai soif, j’ai besoin de dormir. Ma fille est là, posée sur moi et la première mise au sein se fait. La gynéco me recoud, l’aide soignante me fait une toilette éclair. Mon conjoint sort de la salle, je me retrouve seule avec ma fille, cette étrangère qui fait de moi une maman. J’ai peur, peur de ne pas l’aimer, peur de ne pas y arriver, peur de la faire tomber… La sage femme m’annonce deux heures de peau à peau avec mon bébé pour faciliter un bon allaitement et une bonne stimulation du lait. Je devrais être aux anges, savourer et profiter de chaque minute avec ma fille, être émue et ravie de passer ce moment magique et intime avec elle, mais non, je n’y arrive pas. En face de moi  il y a une grande horloge, que je ne cesse de fixer. Je compte les minutes, les secondes… Vite, je veux retourner dans ma chambre. Je suis exténuée. J’ai fait mon travail, ma fille est née, maintenant qu’on me laisse un peu en paix ! Mais il me faudra patienter deux bonnes heures encore avant de pouvoir boire et me reposer. Je ne fixe pas ma fille, je n’y arrive pas. Mes yeux se ferment, j’ai peur de la faire tomber. Elle tète mon sein et je me rends compte que je n’aime pas cette sensation. Je n’arrive toujours pas à la regarder, mes yeux sont rivés sur l’horloge, sur ces chiffres qui défilent au compte gouttes. J’ai l’impression de ne pas être normale, la sensation d’être une mauvaise mère, d’être égoïste et de ne penser qu’à moi. Retour en chambre. Ma fille pleure beaucoup. Les horaires de tétées à respecter m’effraient. J’ai peur que mon bébé ne tète pas assez, peur de lui donner pas assez de lait, peur qu’elle ne mange pas à sa faim. Je sens monter une forte pression en moi, je me sens seule, pas soutenue, ni pas mon conjoint ni par l’équipe médicale. La première nuit je demande à ce qu’on prenne ma fille, on me répond que non, les femmes qui accouchent naturellement gardent leur bébé avec elles. Encore une fois, je ne suis pas une bonne mère, je sens que quelque chose n’est pas normal. Ma fille pleure beaucoup, je n’arrive pas à la calmer, les tétées sont de plus en plus angoissantes, j’ai l’impression de ne pas avoir le droit de me plaindre, moi cette femme tant désireuse d’allaiter mon bébé… Je suis lancée dans une spirale infernale, je m’en veux mais je n’ose pas parler de mon mal être. Je continue d’allaiter mon bébé. Je ne sais même pas quelle position prendre, quelle est la plus efficace, quelle est celle dans laquelle je serais la plus confortable… On me laisse là, je dois me démerder seule ! Mes angoisses augmentent. Va-t-elle retrouver son poids de naissance ? Mange-t-elle à sa faim ? Qu’est ce qu’une montée de lait, est ce que ça fait mal ? Paniquée, j’attends avec impatience que la montée de lait se fasse car enfin je pourrais me dire que je suis normale, que ma lactation est bonne. J’ai peur de mal faire encore et encore. J’ai cette impression que ma fille est toujours penchée sur mes seins, que je ne fais que ça la nourrir… D’ailleurs je me demande si je la nourrie bien car elle pleure toujours beaucoup, je la sens angoissée, je suis angoissée. Encore une fois je culpabilise en me disant que c’est ma faute  car je sais combien ma peine est perceptible. J’en peux plus, je demande à stopper mon allaitement, je sens que ça ne me convient pas, que ça ne rassasie pas mon bébé. Mais j’ai toujours ce sentiment qu’on écoute pas ma demande, que je ne suis qu’une jeune mère allaitante comme les autres qui rencontre quelques difficultés et que c’est tout à fait normal. Mes seins me font mal, je n’arrive toujours pas à fixer mon bébé dans les yeux. Allaiter devient un calvaire. Une auxiliaire de puériculture me dit de mettre la première phalange de mon petit doigt dans la bouche de ma fille qui selon elle, est à la recherche de succion. J’en peux plus, je craque. JE NE VEUX PLUS ALLAITER ! Pourquoi personne ne m’écoute ? Pourquoi personne ne veut entendre mon mal être ? Ma fille a une jaunisse à fort taux et fait deux à trois séances d’UV par jour dont une toujours vers les 1h du matin. Rester éveillée est très dur et la réveiller encore plus, pauvre bichette. Car oui, personne ne vient chercher ma fille à cette heure là, un simple coup de téléphone qui réveille par-dessus le marché ma voisine de chambre. Ma fille est à la pouponnière, je retourne me coucher. Deux heures après le téléphone sonne à nouveau, il faut que j’aille donner le sein à mon bébé… Je n’en peux plus. Qu’il est dur et violent pour moi de voir mon bébé avec ses lunettes violettes et un gros bandage sur le visage. Je ne la reconnais pas. Je me demande si c’est bien mon enfant. Je la sens, je la respire et je me rends compte que je ne connais même pas son odeur… J’ai hâte de partir de cette clinique, de rentrer chez moi, chez nous. Nous sortons le jour de la fête des mères. C’est un beau cadeau pour une maman de sortir ce jour là, mais je ne peux m’empêcher de me dire que c’est un signe, qu’il n’y a pas de hasard… Je doute et ne cesse de culpabiliser… Quel est ce nouveau statut qui me colle désormais à la peau ? Ai-je envie et suis-je prête à être une mère ?

photo-Candice.jpg

 

je la regarde téter pour la première fois

 

Je quitte la clinique soulagée, mais avec la boule au ventre car je sais que le retour à la maison avec ce petit bout de chou sera difficile. Ma fille pleure toujours autant. Je me sens seule et démunie face aux cris incessants de ce petit être. Je ne sais plus quoi faire, ni vers qui me tourner. Je continue à l’allaiter mais c’est dur, de plus en plus dur… J’ai besoin de repos, de sommeil, d’aide, de soutien, mais personne n’est présent pour moi. Je poursuis l’allaitement à la demande. Les tétées sont longues, mon lait clair… Je me demande si je donne assez à manger à ma fille, je culpabilise à nouveau… Le lien ne se fait toujours pas, j’ai peur… Elle dort très peu et crie beaucoup. J’ai peur qu’elle ait mal, qu’elle soit en carence, que mon lait ne lui suffise pas… Je me sens aller droit dans le mur. Je craque souvent, tout le temps, tous les jours et  à plusieurs reprises. Comment un si petit bébé peut arriver à chambouler totalement mon quotidien, comment peut il me rendre si démunie et triste ? Ma mère vient passer une semaine chez moi. Elle a senti que j’en avais besoin, que je n’allais pas bien. Je tire mon lait pour que ma mère puisse donner des biberons à ma fille afin que je puisse enfin dormir. Je me décharge totalement sur elle. J’ai de nombreux engorgements, une fabrication de lait abondante, ça déborde des coussinets. Obligée d’aller sous la douche masser ma poitrine. Ma fille pleure toujours autant. Mon lait est limpide. Je le pense très peu nourrissant. Ma mère me dit d’aller à la pharmacie acheter une boite de lait en poudre et d’essayer d’alterner sein/biberon. Je lui demande de venir avec moi. Je culpabilise. Je m’en veux de ne pas donner le meilleur à mon enfant, d’échouer dans mon rôle de mère nourricière. Il est très violent pour moi de devoir céder et donner le premier biberon de lait de substitution à ma fille. Mais bizarrement, elle ne pleure plus. Elle me regarde, et je la regarde téter pour la première fois. Une vague d’émotion m’envahie. Tant de souffrance à présent effacée par une simple prise d’un biberon ? Je culpabilise.  Je me dis que moi sa mère je ne suis pas arrivée à la nourrir durant tous ces jours… Les biberons s’enchainent. Ma fille les supporte bien. Je la sens apaisée. Elle dort plus longtemps, crie moins. Je décide de ne plus allaiter. D’ailleurs la coupure de mon lait s’est faite nette, rapidement, sans l’aide de médicaments. Je sais aujourd’hui que si j’ai raté mon allaitement c’est entièrement de ma faute, car au fond de moi je n’aimais pas allaiter mon bébé. C’est cruel d’écrire cela, mais je veux le poser pour faire comprendre qu’il ne faut pas aller à l’encontre de ses ressentis, qu’il est important de s’écouter, d’écouter son enfant, de répondre au mieux à sa demande. J’ai longtemps culpabilisé d’avoir stoppé rapidement mon allaitement, mais aujourd’hui je me dis que j’ai fait ce que j’ai pu. J’ai essayé, j’ai échoué…  Je sais les bienfaits de l’allaitement maternel, et je sais aussi que je voudrais essayer d’allaiter mon prochain enfant. Je sais qu’il existe des consultantes en lactation, des animatrices LLL, un réseau de soutien et d’aide autour de l’allaitement et je sais désormais que je ferais appel à ces professionnels pour ne pas abandonner trop tôt.

 

******

 

Merci pour ton témoignage Lauriane... Si vous souhaitez me transmettre votre témoignage de la maternité, quel que soit le sujet, si vous avez envie de partager vos émotions, de coeur de femme à coeur de femme, n'hésitez pas à m'envoyer un email.

 

Lilie 

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 18:46

Suite à la lecture d’un billet qui prétendait déculpabiliser les mères de ne pas allaiter leur enfant, une idée a émergé en moi : écrire un article qui, à mon sens, prendrait vraiment en compte ce sentiment de culpabilité que ressentent les mères qui donnent le biberon et leur permettre de le soulager.


N.B : il va de soi que je ne dédie pas cet article aux femmes qui assument parfaitement leur choix et qui ne se sentent pas concernées par le sentiment de culpabilité ;-) 

 

« Je sais que je ne veux pas allaiter ! Mais… »

 

Comme il y a des femmes qui ont la ferme conviction qu’elles allaiteront, d’autres ont la certitude qu’elles n’allaiteront pas. Alors pourquoi émergerait ce sentiment de culpabilité ?

Lorsque nous devenons mère, nous sommes  amenées à faire des choix en permanence, des choix d’une importance cruciale, qui auront des impacts de toutes sortes sur la vie de notre enfant, qu’on le veuille ou non. Cela représente parfois une véritable croix pour certaines mères : elles ressentent beaucoup de pression, se posent de nombreuses questions sur ce qu’elles doivent faire, comment elles doivent le faire, qu’est-ce qui est bon pour leur bébé, qu’est-ce qui est bon pour elles ? Et le choix de l’allaitement ou du lait en poudre, qui ne représente pas moins que le choix de l’alimentation de son nourrisson, est au cœur de débats déchainés, de discussions sans fin, où toutes les mères se sentent tour à tour jugées, critiquées, non-entendues et non-comprises !

 

Il peut être très clair pour un tas de futures mamans, déjà pendant la grossesse, qu’elles n’allaiteront pas, mais malgré ce choix clair, il se peut qu’elles se sentent à plusieurs reprises la cible de critiques. Parfois il s’agit d’un choix par défaut : certaines femmes, suite à certaines expériences de la vie (une maladie, une prise de médicaments importante et incompatible avec l’allaitement, des sévices sexuels, de la pudeur, un mal être avec son corps, etc), ne peuvent pas donner le sein à leur nourrisson. D’autres aussi sont dans le doute et ne savent pas, jusqu’au moment de la rencontre avec leur bébé, ce qui leur conviendra.

 

Lorsque naît notre enfant, nous avons à faire des choix, des choix que nous aimerions sentir justes, dans lesquels nous nous aimerions nous sentir libres autant que possible, des choix qui nous parlent, des choix qui nous font « oui » intérieurement. Mais rarement il nous est donné l’occasion de réfléchir à ces choix, nous n’avons pas souvent l’opportunité, au cours de la grossesse, d’être invitées à réfléchir à nos futurs choix de mamans, ces choix que nous ferons pour notre bébé.

Une des premières pistes à explorer serait celle de vos désirs et de vos attentes vis-à-vis de la maternité : prenez conscience de ce que vous aimeriez pour votre bébé, sans jugement pour cela ou pour vous-mêmes. Essayez d’évaluer votre projet avec une personne comme une doula, qui vous écoutera avec bienveillance et vous offrira cet espace où nous nous autorisons à nous poser ce genre de questions. Votre projet de non-allaitement peut également être accueilli par une amie de confiance, votre propre maman, une sœur, une personne déjà maman ou au contraire une personne qui ne soit pas encore confrontée à la maternité, en fonction de vos besoins, de vos ressentis sur le sujet.

Il pourrait être judicieux de vous nourrir d’expériences diverses de maternité. Peut-être que vous pourriez lire des forums, ou participer à des réunions d’informations sur l’allaitement, afin d’en avoir une idée bien claire et non-erronée.  Et pourquoi pas organiser une petite réunion avec des amies ou des connaissances qui auraient fait différents choix de maternage, afin qu’elles vous partagent leurs expériences, leurs ressentis… Un choix éclairé est un choix bien vécu.

 

« Je n’empoisonne pas mon enfant ! »

 

La culpabilité que ressentent certaines mères face à leur choix vient certainement de la pression sociale qui martèle et ancre dans nos esprits une image idéale de la mère parfaite, celle qui fait tout ce qu’il faut comme il faut et chez qui tout fonctionne comme sur des roulettes.

J’aimerais dire à ces mamans qui se sentent jugées comme de mauvaises mères parce qu’elles n’allaitent pas : rien que le fait que vous soyez blessée à l'idée de ne pas être une bonne mère fait de vous une bonne mère ! Cela signifie que vous vous posez cette question, qu'une part de vous peut se laisser croire que vous n’avez pas fait « ce qu’il fallait », et c'est bien la preuve irréfutable que vous voulez ce qu’il y a de meilleur pour votre enfant, que vous n’avez d’yeux que pour son bonheur et son bien-être ! Votre enfant est le centre de vos préoccupations, vous voulez le meilleur pour lui, et il vous est insupportable de croire que vous avez pu faillir en quoi que ce soit dans cette tâche : voilà bien la preuve de votre amour infini pour votre bébé ! De plus, un très grand nombre de femmes, qu’elles allaitent 1 semaine, 1 mois, 1 ans, ou pas du tout, se sentent parfois/souvent la cible de ce genre de jugement ou se pose la question de si elles font bien ou mal pour leur enfant. 

Nous sommes des mères. Nous voulons toutes le bonheur de nos enfants.

 

De plus, le lait maternel en poudre est le meilleur substitut au lait maternel qui existe, il ne faut pas que vous l’oubliiez.

 

 

« J’ai essayé d’allaiter… Et je n’ai aucun regret !»

 

Il est possible également que le sentiment de culpabilité qui vous habite soit teinté du regret de ne pas avoir allaité votre bébé comme vous l’auriez souhaité. Il est bien humain d’avoir des difficultés à accueillir des expériences qui ressemblent un tant soit peu à celles que l’on aurait aimé vivre. Cela donne un goût d’échec, d’inachevé…

Je vous propose d’accueillir en vous ce regret. Il existe, prenez-le en considération. Peut-être que des larmes jailliront… Peut-être de la colère, peut-être un visage, peut-être une situation bien précise se dessinera dans votre esprit. Avez-vous envie d’écrire à propos de cela ? Avez-vous envie d’en parler à une personne de confiance ? Avez-vous envie de parler ou d’écrire à une personne bien précise, par exemple à un professionnel de santé, à celui ou celle que vous rendez peut-être responsable de votre aventure inassouvie ? Que ça soit par écrit, de vive voix, ou à vous-mêmes, offrez-vous cette possibilité d’évacuer inlassablement vos rancœurs, vos déceptions, vos souhaits et vos attentes brisés.

 

A présent, je vous invite à voir votre expérience sous d’autres coutures : de quoi auriez-vous eu besoin pour ne pas vous sentir coupable aujourd’hui ? Aimeriez-vous entreprendre quelque chose autour de ce projet que vous n’avez pas mené ? Aimeriez-vous par exemple vous informer sur l’allaitement ? Aimeriez-vous comprendre en quoi votre allaitement n’a pas fonctionné comme vous l’auriez souhaité ?

Peut-être que cela fera germer un début de réparation en vous. En tous cas, c’est tout ce que je vous souhaite. Et ce que je souhaite au plus profond de moi, c’est que toutes les mamans soient des mères épanouies et heureuses dans leur vie de maman !!! Et que cesse ces culpabilisations sur nos moindres faits et gestes, sur nos moindres choix, et que nous soyons toutes respectées pour l'amour que nous donnons à nos enfants... 

 

Lilie

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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 14:08

J’ai d’abord décidé que tu arriverais. Je t’attendais. Tu n’arrivais pas. J'ai bien sûr accepté qu'on t'aide à arriver. 

J’ai d’abord décidé que tu mangerais à des heures précises.

J’ai aussi très vite décidé que tu étais capable de dormir seul.

J’ai décidé que tu avais besoin d’une tétine et d’un doudou.

Un jour, j’ai décidé que tu étais trop grand pour continuer à suçoter la tétine et j’ai décidé que tu devais t’en séparer.

J’ai décidé quand tu devrais te séparer de moi et que tu ne devrais pas pleurer pour cela.

J’ai décidé du moment où tu serais capable de marcher, capable de te retenir de faire pipi, capable d’écrire, de lire.

J’ai décidé avec quoi tu jouerais, quel sport tu pratiquerais.

J’ai décidé que tu étais trop petit pour mettre le couvert sans rien casser ou pour faire le ménage correctement.

Puis j’ai décidé que c’était ton devoir familial de participer aux tâches ménagères.

J’ai décidé quand tu avais froid ou chaud, quels vêtements tu porterais, lesquels seraient les mieux adaptés au temps qu’il fait.

J’ai parfois été obligée de décider quand tu devrais jouer, ou te calmer, et quand il est l’heure que tu sois fatigué et l’heure à laquelle tu dois te réveiller.

J’ai décidé de nombreuses fois si tu devais te plaindre d’une douleur après être tombée ou si tu faisais une comédie.

J’ai décidé ce qui serait bon pour toi : quels aliments, quelles lectures, quels jeux…

Et j’ai décidé aussi de ce qui était mauvais pour toi et te nuirait, les bonbons, les jeux vidéos, les gros mots, certains de tes « amis ».

Quand je ne décidais pas, je savais que je pouvais compter sur d’autres adultes aptes à décider le meilleur pour toi. Le médecin décidait de quelles étapes tu devais franchir dans ton développement ; l’institutrice décidait quand tu devais savoir lire, écrire, compter et quelles formes sont belles à dessiner.

J’ai décidé.

Puis un jour, j’ai décidé, moi, adulte doué de raison, j’ai  décidé qu’il était temps que tu voles de tes propres ailes. J’ai décidé qu’il était temps à présent pour toi de décider. J’ai coupé tous ces fils que j’avais pour toi tissé et qui te maintenaient droite, de la bonne manière. J’ai coupé. Et tu es tombé.

Tu n’es décidément capable de rien sans moi !

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13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 10:28

Bonjour à tous! 

 

Je reviens enfin ici, de bonne humeur et pleine de motivation!!! 

 

Vous constaterez que j'ai changé deux-trois petites choses dans le design de ce blog. J'en ai également changé le nom : il se dénomme désormais Une Mère - Une Femme. Pourquoi? Parce que je crois qu'on essaye toujours de dissocier la mère de la femme, alors que celles-ci sont co-existentes et complémentaires. Parce que j'en ai marre de devoir choisir entre être la mère ou être la femme ou être l'amante. Je suis suivie par un psy et, bien que je lui ai évoqué la possibilité d'être schyzophrène, il m'a soutenu que je ne le suis pas, donc non je n'ai pas, en moi, trois personnalités différentes qui se disputent la place au premier plan. Comme si la Femme parlait avec ses copines, puis tout d'un coup la Mère revient quand les enfants arrivent, et là le mari débarque et c'est le drame : mère, amante? mère-amante? mère-amante????? Meeeeerde choisissez là-dedans!!!

 


Je peux le formuler différement : A LA POUBELLE LES ETIQUETTES !!! 

 

Non mais c'est vrai quoi!


Le matin, on vous blâme de n'être "qu'une mère", totalement dévouée à ses enfants et fusionnelle, une mère qui "s'oublie", entendez par là : "qui oublie qu'elle est une femme". Gare à vous mesdames, vous tombez dans l'abrutissement, l'asservissement, vous vous dépossédez de votre corps et de votre esprit pour le donner en sacrifice à vos morveux ingrats et stupides, qui réduiront votre essence de femme en cendres jetées dans la poussière que vous aspirez tous les jours... 


Un autre jour, on admire et on vante votre féménité (parce que vous aviez envie de mettre un peu de rouge à lèvres et de vernis), et on vous dira : ça y est, tu as retrouvé la femme qui est en toi! Tu redeviens l'amante! Et on s'extasie, et on se réjouit pour toi, que tu sois ENFIN sortie de ta grotte de mère pour revenir vers la lumière de la femme qui est en toi, celle qui se doit de plaire aux hommes et particulièrement à son mari, en prenant soin de son visage, de ses cheveux, de sa tenue vestimentaire!

 

C'est super comme programme!!! On me laisse le choix entre "va te faire chier avec tes gosses" ou "va te faire épiler pour plaire à ton mec". Quelque chose me dit que ça ne fonctionne pas ainsi... 

 

 

Vous savez pourquoi ça ne va pas? Parce que je ne veux pas être mère ou femme : je veux être Mère ET Femme !

Je veux me sentir désirable à moi-même, je veux me sentir bien dans MA peau, je veux vous offrir ma version unique de l'individu qui est en moi, qui n'est ni femme, ni mère, ni amante, ni trop ou pas assez, qui est juste un individu qui s'appelle "Aurélie" (ça c'est moi ^^) et qui se comportera comme une mère sacrificielle quand elle en aura envie, et qui le lendemain enverra ses enfants paître pour s'offrir un soin chez l'esthéticienne ; qui un jour, se vernira les ongles et mettra une mini-jupe, tout en ayant trois ans d'âge mental au moment de jouer à cache-cache avec ses enfants ; qui continuera à ne pas porter de talons, parce qu'à chaque fois je me casse la gueule avec, et qui, pour autant, déambulera sur le chemin de l'école maternelle comme sur un podium de défiler en se répétant "aujourd'hui, je me sens vraiment une déesse!" ; qui déballera son sein en public pour faire téter son Titou, qui pourtant ne fera pas de monokini à la plage l'été prochain. 

 

Un melting-pot de Femme, Mère, Amante, Chieuse, Parfaitement Imparfaite, Féminine, Enfantine, Déconneuse, Passionnée, Révoltée, Amoureuse... 

 

 

Je n'ai pas à me sentir Femme OU Mère. Je ne suis pas moins Femme en étant Mère. Parce que mes organes génitaux sont bien ceux d'une Femme, ceux que la Nature m'a aussi donné pour être Mère. Je suis Femme et Mère, je le conjugue comme je l'entends, avec les rythmes qui me plaisent, avec les harmonies qui me conviennent, avec les tons qui me vont bien. 

 

Et vous, quelle Femme et Mère êtes-vous? :-)

 

 

Lilie

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27 juillet 2013 6 27 /07 /juillet /2013 17:31

Je reviens aujourd’hui sur mon blog avec une petite réflexion autour de l'allaitement en public.

 

J’allaite toujours mon « petit » d’homme de presque deux ans et demi. Je mets « petit » entre guillemets car il est plutôt du genre grand et costaud mon petit. Vingt kilos pour quatre-vingt-quinze centimètres aux dernières mesures. C’est dire s’il ressemble plus à un petit gars de trois ans que de deux ans.

Je l’allaite à la demande depuis sa naissance et je n’ai jamais été vraiment gênée par l’allaitement en public. Je pensais sincèrement que j’allais évoluer au fil du temps ; en le voyant grandir je pensais que l’allaiter devant des étrangers deviendrait de plus en plus délicat pour moi. Je parle de l’embarras que j’aurais pu éventuellement ressentir en découvrant ma poitrine et en mettant mon fils au sein dans des lieux où je ne sais pas si l’allaitement est le bienvenu ou pas, autrement dit : un peu partout en dehors de chez moi, de la famille et des autres particuliers qui me reçoivent chez eux et avec qui je peux communiquer sur l’allaitement.

Et il se passe un truc plutôt marrant : c’est que personne ne se rend compte que j’allaite en public !

C’était une remarque qu’on m’avait déjà faite lors de réunions entre mamans. Je me souviens d’un jour où j’avais mis tout simplement mon fils en sein tout en continuant de vaquer à mon occupation, je discutais et apprenais le crochet. Une maman s’était soudain exclamée : « Ah mais tu l’as mis au sein ! ». Les femmes qui m’entouraient ce jour-là semblaient pour la plupart surprises que ça soit si peu visible, elles me dirent que notre position en allaitant ressemblait plutôt à un câlin.

J’avais déjà fait ce constat avec le tire-lait. Je tire mon lait très naturellement quand je suis en présence d’autres personnes. Je me souviens ainsi d’un repas avec mes collègues étudiants où je tire mon lait sous mon poncho pendant dix à vingt minutes peut-être. Les convives n’apprendront cela qu’après mon départ de la table, la révélation étant faite par une amie au courant de ma pratique.

J’ai vraiment l’impression d’avoir une sorte de Super-Pouvoir. Le « Super-Pouvoir d’Allaiter (ou tire-allaiter) Sans Attirer les Regards »! Sans rire, j’ai vraiment le sentiment que j’ai la capacité de ne pas focaliser les gens sur le fait que j’ai un enfant accroché à mon sein. Comme si j’avais la capacité de faire en sorte que les gens ne voient pas l’allaitement quand je tiens mon petit dans mes bras. Pourtant, je ne cherche même pas à me cacher. Il y a par exemple des astuces pour découvrir le moins possible sa poitrine : en portant un débardeur en dessous d’un haut, on baisse le débardeur et on soulève la couche supérieure, ainsi on ne découvre ni la poitrine ni le ventre ; ou alors en faisant téter « par-dessous », en soulevant notre haut, seul le ventre est découvert, mais le haut du torse reste habillé. Mais non, moi je découvre par le haut : je baisse le haut que je porte, tee-shirt ou débardeur en ce moment, je dévoile totalement mon sein et je le fourre dans la bouche du petit moineau en demande. Et je le fais tellement naturellement que je ne réfléchis pas très souvent à si on voit quelque chose ou pas… Et je ne reçois jamais de réflexions. Super-pouvoir je vous dis !

C’est pour la soirée du 14 juillet que je me suis soudainement posée cette question : est-ce que je ne vais pas gêner quelqu’un en allaitant en public ? Nous nous trouvions à la fête de notre village, en plein concert de salsa et à peu de temps du feu d’artifice. La foule s’était amoncelée et regroupée vers la piste de danse. Mon petit bonhomme, qui danse comme un fou au rythme de la salsa, s’arrête soudainement et vient tirer sur mon débardeur : « Tétéééééé !!! ». Et là, pour la première fois, je me demande si ce n’est pas un peu trop exposé pour allaiter en public. Je cherche un coin calme : je vois une chaise à proximité du stand restauration. A part les bénévoles sous la tonnelle derrière le comptoir, personne en vue, et vu l’heure tardive, je me dis que je ne serais pas dérangée par ceux qui veulent commander un repas. Le coin me semble stratégiquement parfait. Je peux allaiter en toute discrétion ! Ouf ma conscience est soulagée, à table mon Titou !

J’attrape la chaise et m’installe, j’attrape mon petit que je pose sur mes genoux, je baisse la partie de mon vêtement qui recouvre mon sein et le petit se met à téter. J’observe autour de moi si cela semble attirer le regard de certaines personnes. Mais non. Quelques affamés de dernière minute arrivent au comptoir près de nous. Et en l’espace de quelques minutes, c’est tout un troupeau d’une vingtaine de personnes préoccupées par leur estomac qui nous entoure ! Je n’ose plus trop bouger, je suis assaillie sur tout mon flanc gauche. Les gens me collent, ils se penchent au-dessus de ma tête pour annoncer à leurs compagnons qui attendent gentiment face à moi « y’a plus de saucisses, que des merguez ! », ils me frôlent, me contournent, papotent à mes côtés. Mais personne ne semble remarquer que j’allaite. Un petit chien vient renifler ma main, son maître me regarde et rappelle l’animal. Toujours rien, pas de remarques.

On pourrait penser que les gens qui me voient n’osent peut-être pas faire démonstration de leur réaction. Mais en l’occurrence, dans cette situation-là, j’étais particulièrement à l’affût des attitudes et des regards, et ce que j’ai observé ce soir-là, c’est que les gens autour de moi ne se sont absolument pas rendus compte que j’étais en train d’allaiter mon petit homme de presque deux ans et demi ! J’imagine qu’il y aura quand même eu des regards furtifs, qui auront vite fait de changer de point de vue de peur que je me rende compte de leur regard ou peut-être par gêne face à l’allaitement. J’imagine bien qu’il y a dû en avoir un ou deux quand même !!!

Ou alors pas ??? Et dans ce cas, ça confirmerait que j’ai un Super-Pouvoir… Waow ! Je me sens extraordinaire tout d’un coup. J’ai envie de crier à tout ceux qui décrient l'allaitement et notamment le fait d'allaiter dans les lieux publics :

 dessin-.jpg

Et vous ne le savez même pas !!! :-P

 

Lilie

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 14:12

Nous avons un jeu amusant avec mes bout’choux en ce moment. Ce jeu a commencé dans la voiture en rentrant de l’école un midi. Je crois que A. et T. devaient débattre à propos du dessin animé qu’ils aimeraient regarder tous les deux. Dans ces moments-là, je sers de traductrice-interprète-médiatrice. « Ok, A. aimerait regarder tel dessin animé T. … Non A., T. répond qu’il n’aime pas celui-là, c’est bien embêtant, tu as une autre idée. Celui-ci ? T’en penses quoi T. ? » Et au détour de ce débat, mon petit T. a exprimé une émotion et j’ai été sciée : « Non pas la djirapp !!! A peu’ djirapp !!! »

Je suppose que vous n’avez pas encore de doctorat en traduction simultanée en langue de T. et je consens à vous épargner un texte en V.O. :

« Non pas la girafe !!! J’ai peur de la girafe !!! »

Dans un premier temps, l’expression du visage est marquée par cette peur, les yeux parlent de ce qui l’effraye, sourcils froncés, la gorge au bord du cri. Si son frère insiste, c’est la 3ème Guerre Mondiale dans la bagnole…

« Tu as eu peur de la girafe, c’est ça T. ? »

Le visage se détend, le front et la bouche se dérident, les yeux s’arrondissent et s’éclairent, et avec cette rythmique et ce ton que j’aime dans son phrasé de petit être en apprentissage du langage, il répond : « Wiiii, za peu’djirapp ! »

Je reformule, autant qu’il le souhaite ; il la répète, plusieurs fois, semblant s’approprier de plus en plus chaque parcelle de cette phrase, chaque facette de l’émotion qui s’en dégagent. Sa peur lui appartient, tout d’un coup ça n’est plus un monstre de son esprit, il la ressent peut-être au fin fond de lui. En tous cas, je perçois qu’il l’a domptée, il l’a traversée. Il est passé à autre chose tout en parlant encore de l’objet de sa peur. Je suis émerveillée. Mon super-bonhomme me surprendra toujours ! C’est alors que A. s’exclame :

Moi z’ai peur des lions !!! 

Ah bon, tu as peur des lions toi ?

Oh oui !

Et T. de répéter :

 Wiiiii, a peu’ liiii-on ! 

Et toi A., de quoi tu as peur encore ?

Za peur des z’arbres !

Et toi T., de quoi tu as peur ?

A peu’ ‘oi-tu’ ! (ndlr : j’ai peur des voitures ;-) )

Et toi A ?

Za peur des ssiens !


Les peurs deviennent un jeu de marelle sur lequel nous sautillons joyeusement. Ce ne sont plus que des mots. Puis tout d’un coup :

- Et toi maman ? De quoi tu as peur ?

Silence. Surprise que la question se tourne vers moi. Ben oui, de quoi ai-je peur ??? Je me sens bien bête de n’avoir rien à dire… Il me faut quelques secondes qui paraissent bien longues pour regarder à l’intérieur de moi, tout à l’intérieur de moi. Je crois que je ne trouverais rien à dire, moi j’ai peur de rien ! Ah… à bien y regarder, il y a bien quelque chose… Il y a bien une peur tapie là. Elle n’ose pas trop se montrer, elle pense qu’elle doit se taire, qu’on ne doit pas la voir, ni l’entendre. Je respire profondément, est-ce que j’accepte de la laisser s’exposer ? Je lui tends la main. Je la rassure, elle a le droit d’exister. Je lui murmure à l’oreille : je veux te laisser remonter à la surface, je veux qu’ils te voient. Et tout doucement nous remontons ensemble, main dans la main. Je l’ai bien regardée, droit dans les yeux. J’avais peur d’elle, mais au final elle est plutôt belle… Je la croyais un peu niaise, un peu bête de se planquer là, mais je comprends que c’était mon ignorance, mon dédain, qui la rendait si empotée et si douloureuse. Tout d’un coup, je la contemple des pieds à la tête, elle est noble et frêle à la fois. Et je sens son innocence, son incroyable innocence, et je comprends à quel point j’ai eu tort de ne pas lui donner voix plus tôt. Que c’est dans sa reconnaissance que je trouverai l’assurance d’affronter ma peur. Je sers bien fort sa main dans la mienne.

« Moi ?... J’ai peur… Parfois j’ai peur de vous perdre… »

Les enfants rient derrière moi. Et continuent de jouer « moi j’ai peur des fleurs, moi j’ai peur des moustiques, moi j’ai peur du noir… ».

Et moi, je ris aussi. Je me sens soulagée. C’est fou comme c’est libérateur de reconnaître ses failles, ses imperfections.

Et je m’émerveille encore et toujours de la capacité des enfants à illuminer en moi  les parts d’ombres dont j’ignore même l’existence. Quelle aventure que d’être leur maman ! Quelle chance aussi…

 

Depuis ce jour, nous aimons jouer à « de quoi tu as peur ? ». Et il y a quelques jours, nous avons invité en toute simplicité des proches à jouer avec nous. Et oui, quoi de plus innocent qu’un enfant qui vous demande « de quoi tu as peur toi ? », pour que nous osions nous pencher en toute innocence en nous, en déposant l’armure une toute petite seconde sans même nous en rendre compte, juste en jouant !

IMG_5104.JPG 

 

Lilie

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 08:50

Je continue ma remontée dans le temps : nous sommes au mois de décembre, les vacances de Noël approchent à grands pas. A. n’aime plus aller à l’école et moi, je dois rencontrer sa maîtresse pour en discuter et mettre tout cela à plat.


J’arrive donc un mardi matin et entre dans son bureau. Cette femme est douce, cela se voit et se ressent, mais j’ai vraiment du mal à la cerner, comme si elle se barricadait face aux parents de ses petits élèves. Le sujet affiché de l’entretien : savoir comment A. a évolué et quels sont ces fameux problèmes qu’il pose à son instit et à sa classe. Thème officieux de mon côté : lui dévoiler quelques pans de notre vision de l’éducation afin qu’elle aborde au mieux le comportement de mon bonhomme. Et si possible : me rassurer. Si cela est encore faisable.

Je passe sur le travail psychologique qu’il m’a fallu entreprendre pour parvenir à arriver presque sereine à ce rendez-vous.


C’est elle qui entame la conversation.
Pour elle, A. est un petit garçon complexe et difficile à aborder. Il ne comprend pas les enjeux des activités, il ne les fait presque pas. Elle aurait bien du mal à remplir la fameuse fiche d’évaluation si elle avait dû le faire à ce stade de l’année. Il est souvent débordé par ses émotions, surtout dans les temps de rassemblements. C’est leur routine quotidienne : ils s’assoient sur des petits bancs et évoquent le temps, les absents, la date, les saisons… Et dans ces moments-là, A. ne parvient pas à se maintenir calme, il bouge beaucoup, ne laisse pas ses camarades parler, il ne comprend pas qu’il doit se taire pendant que les autres parlent. Il parle encore difficilement, elle a du mal à le comprendre, et il crie beaucoup quand il est contrarié. Pour elle, il est dans l’imitation et une phase encore « bébé » : il met de la peinture en bouche, il court derrière les enfants à la récré sans participer à de véritables jeux avec des règles… Je lui ai demandé un éclairage après qu’elle a déclaré : « Il n’est pas dans la socialisation », qu’elle tente d’expliquer par le fait qu’il ne prend pas conscience de ses camarades, qu’il ne respecte pas les règles, ou encore qu’il ne parvienne pas à réaliser une activité aussi simple soit-elle.

imagesblog.jpg 

Mouais… Tout ce qu'elle me décrit me semble tout à fait normal pour un petit d'à peine trois ans. J'entends qu'elle trouve cela relativement normal, mais que le but à atteindre est de se comporter en "élève". J’essaye d’être empathique, de lui dire combien je comprends que ce qui s’applique à l’école est différent de la maison, mais je lui précise qu’à mes yeux cette différence est une richesse ! Elle me regarde avec des yeux éberlués et me sermonne. J’ai beau lui expliquer mon point de vue, je sens bien que c’est peine perdue.

 


Cependant, je dois avouer que cette femme a de bonnes intentions : elle veut réellement le bien être de mon fils, tout ce qu’elle décrit, toutes les situations qu’elle relate, sont le reflet de son inquiétude pour A. Elle craint qu’il ne s’intègre pas, elle a le sentiment qu’il ressent un profond malaise quand il est débordé par ses émotions. 

 

Mais je déplore ce manque de communication entre nous ! Les difficultés étaient invisibles à mes yeux, et à aucun moment on n’a pensé à m’en parler. Je me leurre peut-être quand je pense que l’école et les parents devraient travailler main dans la main… Je suis certaine que les instits comprendraient mieux leurs petits élèves s’ils nous parlaient plus souvent, nous posaient des questions. Comment  la maîtresse de mon fils peut-elle savoir par exemple que l’exclusion risque fort de ne pas fonctionner avec lui, puisqu’il ne connaît pas l’exclusion ? Comment peut-elle deviner que nous ne lui mettons aucune pression quant à l’acquisition de ses apprentissages ?


C’est d’ailleurs un des compliments qu’elle nous fera : elle voit bien qu’il n’a pas de pression, qu’il n’est pas dans le « faire pour obéir ou faire plaisir ». Elle trouve cela sain dit-elle, plus que ces enfants qui angoissent de ne pas y arriver.

Et il est gentil. Il déborde d’amour. Je souris à l’entendre. C’est bien le principal pour moi !

 


La psychologue scolaire s’étant intéressée à lui, la maîtresse propose qu’elle revienne afin de l’aider à trouver des solutions pour mieux aborder A. J’accepte, après tout pourquoi pas… Je suis donc informée qu’elle me contactera avant ou après avoir vu mon fils. Très bien. Nous nous quittons sur cet accord.

 


Ce n’est pas tellement ce rendez-vous qui m’aura aidée à relativiser. Je vais encore et encore ruminer chaque mot prononcé, chaque regard échangé… Je me méfie toujours, je garde ce sentiment que cette femme ne m’apprécie pas et me juge.

Grâce à une copine psychologue à qui je racontais le contenu de cette entrevue, je suis enfin parvenue à prendre confiance en moi et en mon fils. Voici la conclusion qu’elle me fit : « Ton fils, il va faire grandir sa maîtresse ! ». Aaaaah ! Voilà un discours qui me plaît !

 

 

Au prochain épisode, je vous raconte la rencontre avec la psychologue scolaire.

 


Lilie

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1 mai 2013 3 01 /05 /mai /2013 19:03

Mardi 30 avril, c'était la journée de la non-violence éducative. Une journée pour parler de l'éducation sans violence, bienveillante, sans fessée, punition, chantage ou récompense. Dans le cadre de cette journée, Catherine Dumonteil-Kremer a écrit un billet sur son blog (dont en voici le lien : link) en demandant à ses lecteurs de donner 3 exemples concrets de ce que nous avons mis en place pour mettre un terme à la violence éducative dans notre quotidien. 

 

J'ai dû y réfléchir quelques heures, j’ai eu beaucoup de mal à les trouver… Car pour moi, il s’agit de toute une philosophie de vie qu’il m’a fallu mettre en place et m’approprier. On pourrait croire que cela a été artificiel, et oui ça le fut à certains moments, mais paradoxalement ce fut un chemin peu naturel mais pour atteindre le but qui me semblait le plus naturel, le plus évident. Et oui, il n’est pas naturel de s’approprier un comportement dans lequel nous n’avons pas baigné.

Donc des exemples…  Des exemples… Ah tiens, ça y est, ils arrivent!

 

Souvent, pour éviter la violence éducative, il m’a fallu accepter quelque chose. Par exemple, le fait de salir ses vêtements lorsque nous jouons dehors, de laisser mes enfants s'éclater dans des éléments salissants sans leur courir derrière pour les garder propres. Comme je ne suis pas une accroc du ménage et du fer à repasser, il y a des choses que je tolère plutôt bien, et voir mes enfants se salir ne me pose pas de difficulté majeure. Mais il y a des situations où cela se corse. Nous habitons près de la plage et nous nous y rendons souvent dans l’année. Ca commence toujours de la même façon : on joue dans le sable, on s’approche de l’eau, et arrive le moment où l’un va se mouiller. Ou se rouler dans le sable. Ou se rouler dans la vase. Donc dans ce cas, pour pouvoir lâcher prise et les laisser s’ébattre autant qu’ils le souhaitent, nous avons toujours avec nous des vêtements de rechange et des serviettes. Ainsi, lorsque nous les voyons se salir, nous rions avec eux, en toute sérénité ! On n'est pas obligés de leur interdire de s'adonner à leurs découvertes. C'est le genre de situation qui demande un peu de prévoyance et d'organisation, ainsi personne ne se sent pris au dépourvu, avec des enfants dont les vêtements sales ou mouillés ne peuvent être remplacés, ce qui pourrait faire monter facilement en moi de la colère, contre moi-même certainement, mais aussi contre mes enfants. 

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C'est qui qui a le droit de se salir en s'amusant???!!!


Un autre exemple me vient à l’esprit : lorsque les enfants salissent le sol. Ils aiment beaucoup dessiner par terre, avec des crayons, avec des feutres… Ou alors ils adorent manger assis sur le tapis de notre salon. Il m'a fallu un certain temps pour ne pas bondir à la vue des lignes de couleur décorant notre carrelage blanc, ou devant les morceaux de gâteaux jonchant la pièce... Plutôt que de m’énerver, je m’inspire des phrases lues dans les livres d’Isabelle Filliozat ( link ): « je crois que nous avons besoin d’une éponge ! » Ou de l’aspirateur s’il s’agit de morceaux de gâteaux éparpillés par terre. Hé bien, croyez-le ou pas, l’aîné d’à peine 3 ans et demi me demande régulièrement de nettoyer ses frasques tout seul ! Il prend l’éponge lui-même sur le rebord de l’évier ou me demande de sortir l’aspirateur et s’adonne à la réparation de ses maladresses avec le plus grand soin. Le petit de deux ans commence à vouloir imiter ce comportement. Cela devient un geste naturel, facile, non contraint. Ils n’y sont pas obligés, ils n’y sont pas forcés, il ne s’agit pas d’une punition attention, mais d’une réparation que nous faisons souvent ensemble.

 

La dernière idée qui vient à l’esprit est plus récente. Je découvre avec beaucoup de joie les écrits d’Alexandre Jollien, un philosophe qui a la particularité d’être handicapé moteur cérébral. Dans un article du magasine PEPS -link-, il livre sa vision de l’amour inconditionnel, et je me suis sentie profondément touchée… L’une de ses phrases m’a particulièrement inspirée, surtout avec mon petit qui a un comportement qui résonne très inconfortablement en moi. A bout de nerfs face à ses hurlements, ses envies de me taper, face à son regard couleur d’orage, je me pose à genoux et je l’accueille dans tout ce qu’il est, dans le positif comme le négatif, j’accueille le chaos de notre relation, de nos liens troublés ; je le regarde intensément, mes bras l’entourent et je lui murmure « Tu peux faire tout ce que tu veux, tu ne peux pas faire que je ne t’aime pas ». En effet, je l’aime mon bout’chou, je l’aime même si c’est parfois difficile d’admettre qu’on peut aimer une personne qui nous en veut, qu’on ne comprend pas, avec qui on a gros litige, et pourtant je l’aime mon fils, je l’aime à en crever.

Je l’aime tant que lorsqu’il est tombé d’un canapé l’autre jour j’ai éclaté en sanglots à l’idée que l’incident ait occasionné une quelconque hémorragie, et de m’imaginer le perdre je me suis effondrée. Alors oui, en fait, je l’aime ! Alors je le lui exprime, lorsque son comportement réveille en moi de la douleur, de la colère, du désespoir, je lui dis : « Je t’aime quoi que tu fasses, qui que tu sois, si je te perdais demain je serais perdue, tu fais aujourd’hui pleinement partie de ma vie et je ne pourrais pas vivre sans toi ! » Je le vois encore ce petit regard qui, à ces mots, passa de la rage à une couleur moins noire, moins dure, un peu plus neutre, une teinte peut-être confuse où se dessinaient vaguement de la reconnaissance.

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Voilà pourquoi c’est si difficile pour moi de donner des exemples concrets. Le maître mot de la non-violence éducative pour moi, c’est de nourrir les liens entre parents et enfants. Et pour cela, j’ai surtout dû regarder l’enfant différemment, regarder les relations parents-enfants différemment. Accepter les étapes physiologiques de l’enfant, l’aimer sans condition, l’accepter tel qu’il est, ne pas projeter mon histoire sur lui… Il nous faudrait tout une vie je crois pour parler de cela !

 

Lilie

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